Le syndicat de pilotes SNPL AF ALPA a rejeté hier le projet d’accord sur les gains de productivité de la compagnie aérienne Air France. Lui et le SPAF s’indignant en outre de la hausse des revenus du PDG sortant du groupe Air France-KLM. Pas de surprise dans la bouche du Président de la branche Air France du Syndicat National des Pilotes de Ligne : Philippe Evain a annoncé le 20 avril 2016 le rejet à l’unanimité du projet d’accord Perform 2020, après « analyse tant sur le fond que sur la forme » du texte sur lequel les pilotes doivent se prononcer d’ici le 2 mai. La porte-parole du syndicat Véronique Damon explique dans Le Point qu’en l’état des choses « ce projet était inacceptable » car la compagnie demandait aux pilotes « des sacrifices importants en échange de promesses sur l'emploi et la croissance ». Elle souligne « beaucoup d'efforts en termes de rémunération, de qualité de vie et de densification de l'activité » qui auraient porté « plus loin que la plupart des compagnies européennes et américaines le niveau de fatigue ». Et cite en particulier le cas des pilotes de Boeing 777, « déjà aux limites » des heures maximales de vol et qui n'auraient pas pu compenser la baisse du salaire horaire en volant davantage : ils auraient « perdu 8 à 9% de salaire ». Quant à la promesse d’Air France d’embaucher 600 pilotes d’ici 2020, dont au moins 50 d’ici la fin de l’année, elle représente « pour l'essentiel de remplacements de départs à la retraite et d'emplois prévus pour la croissance de Transavia » selon Véronique Damon. Mais elle affirme que le syndicat reste prêt à « une vraie négociation » et n’a pas fermé la porte ; la direction d’Air France n’a pas encore réagi, elle qui évoquait début avril des « ultimes propositions ». air-journal_Air France KLM JuniacLe SPNL souligne d’autre part ce qu’il appelle une « contradiction fondamentale » entre l’exigence d’une baisse de rémunération des pilotes et l’augmentation de 65% de la rémunération annuelle du PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac, qui passera le flambeau cet été pour prendre la direction de l’IATA. Le syndicat est rejoint sur ce terrain par le SPAF (Syndicat des Pilotes d’Air France) qui s’indigne dans un communiqué « de l’annonce qui fait état d'une rémunération de 1,062 millions d’euros au PDG d’Air France-KLM », alors qu’Air France « a fait face pendant près de 7 ans à l’une des plus graves crises de son histoire, que près de 15 000 emplois ont été supprimés en quatre ans avec le plan Transform 2015, et que le Plan Perform 2020 exige encore des salariés des sacrifices exceptionnels, cette augmentation au chiffre incroyable relève d’une injustice absolue ». Cette augmentation représente de fait la part variable du revenu du PDG, dépendant des résultats du groupe - qui en 2015 a dégagé un bénéfice net pour la première fois depuis sept ans. Le niveau de cette part variable dépend selon le document par « la performance quantitative -l'excédent brut d'exploitation (EBITDA) et le free cash-flow étant supérieurs au budget », et de la « performance qualitative » (qui inclut « la mise en œuvre de la stratégie du plan Perform 2020 y compris la stratégie de développement du low-cost, des partenariats long-courrier, et de la maintenance, satisfaction des passagers et progrès dans le processus d'intégration du groupe »). Rappelons que selon Les Echos, le remplaçant d'Alexandre de Juniac à la tête d’Air France-KLM devra entre autres accepter un salaire inférieur de moitié à la moyenne des dirigeants de grande entreprise, et « très loin de celle des PDG de compagnies aériennes »…