Le PDG de la compagnie aérienne Air France a appelé hier les syndicats de pilotes à un retour vers « la voie d'un dialogue positif », après le non opposé par le SNPL majoritaire aux mesures de productivité proposées. L’attente du nom du futur PDG du groupe Air France-KLM ne simplifie pas les choses. Interrogé le 21 avril 2016 sur RTL, le PDG de la compagnie nationale française Frédéric Gagey a expliqué qu’il souhaitait « et est sûr que cela se passera » que le Syndicat National des Pilotes de Lignes (SNPL Air France ALPA) « revienne sur la voie d'un dialogue positif tourné sur la situation des pilotes, sur la situation d'Air France ». Il évoque de longues négociations durant lesquelles la direction a proposé « quelque chose qui nous semble équilibré », consistant à « plus d'emplois, une croissance assez importante sur les années qui viennent en échange des discussions sur la productivité, sur les conditions de rémunération ». M. Gagey a également mis en avant la possibilité d’un recours à « une expertise extérieure » qui serait la meilleure solution selon lui pour sortir de l’impasse, mais le SNPL aurait refusé cette offre. Air France a « regretté » hier le rejet par le SNPL AF ALPA du projet d’accord sur les gains de productivité, ouvert à la signature jusqu’au 2 mai et qui pour elle « repose sur un véritable compromis » pour rechercher les moyens d'améliorer notre compétitivité et préserver les enjeux professionnels des pilotes, en termes d'emploi et de progression de carrière notamment. Le porte-parole du syndicat Emmanuel Mistrali accuse la direction de « replonger dans les vieux démons, les vieilles recettes », à savoir « l'attaque sur les conditions de travail et des salaires sous couvert de vagues promesses d'amélioration de croissance et d'amélioration de la productivité qui n'engagent à rien ». Il affirme que le SNPL est prêt à négocier « mais sur de nouvelles bases », tout en menaçant à mot à peine couvert la direction si elle est « prêt à prendre le risque de commettre des agressions » contre les pilotes, y compris sur le périmètre d’activité d’Air France alors que le groupe Air France-KLM se prépare à changer de PDG. La volonté de négociation du SNPL laisse certains pilotes dubitatifs, un d’eux déclarant dans La Tribune que le syndicat ne veut en fait « ne veut signer aucun effort. Il est convaincu que tôt ou tard, la direction accèdera à ses demandes ». Selon des sources du site économique, le conseil du SNPL aurait en outre voté une motion mandatant le bureau de « s'opposer par tous les moyens, y compris la grève, à toute modification unilatérale par la direction des conditions de travail ou de rémunération des pilotes, ou de non respect du périmètre actuel ». Soit ce que la justice avait accordé à Air France après le non-respect par les pilotes des engagements pris dans le cadre du plan de restructuration Transform 2015. Contrairement aux autres catégories du personnel dont les PNC qui ont déjà prévenu : si les pilotes n’acceptent aucun effort, ils ne feront aucune concession lors de la négociation sur leur propre accord collectif. Selon Challenges, même le DRH Gilles Gateau « commence à ne plus y croire », murmurent des sources à la tête du groupe. Le nom du successeur d’Alexandre de Juniac pourrait être proposé d’Air France-KLM dès le 3 mai prochain, au lendemain de la date-butoir des négociations avec les pilotes (et annoncé au conseil d’administration le 19 mai). La direction de la compagnie française ne déclenchera probablement pas d’hostilités avant cette date, comme l’application de la décision judiciaire. Frédéric Gagey est donc quelque peu coincé entre la perspective d’une grève avant (ou pendant) l’Euro voire les départs en vacances, et la volonté de forcer la main des pilotes afin de rassurer les autres employés qui eux ont fait les efforts auxquels ils s’étaient engagés. Avec en outre la possibilité qu’il prenne lui-même la tête du groupe franco-néerlandais. Une solution interne qui progresserait après l’audition d’une douzaine de personnes par le comité de nomination, aucune « ne cochant toutes les cases » selon un proche du dossier cité par Challenges – y compris les premiers favoris. Le syndicat CFE-CGC a d’ailleurs envoyé hier une lettre ouverte au Président François Hollande (l’Elysée essaie de son côté de mettre au point une liste de candidats), dénonçant les appétits « de beaucoup de membres du microcosme politico-médiatique parisien ». Il parle de « grandiose » à propos de la rumeur sur les favoris « dans cette course au sésame »,  un « dont la seule compétence connue serait d'être corrézien » et l’autre « qui fût collègue de la promotion Voltaire à l'ENA » avec le Président de la République. La CFE-CGC d'Air France ne peut pas croire un seul instant que « le sort des 100.000 salariés du groupe AF/KLM soit suspendu à des considérations aussi ahurissantes pour définir l'avenir de notre entreprise et de ses salariés ». Le syndicat affirme que « les grandes pointures de l'industrie aéronautique qui auraient eu leur place dans ce tableau de nomination ont décliné l'offre devant le montant ridicule de la rémunération », et se prononce clairement pour une solution interne : « on ne peut plus se permettre d'attendre encore 6 à 8 mois, un béotien qui mettra ce temps pour découvrir notre entreprise et comprendre sa philosophie. Ce laps de temps nous serait fatal ». La CFE-CGC ajoute qu’il faut  « fédérer toutes les composantes du corps social de l'entreprise », définir un plan industriel ambitieux et « ramener nos collègues bataves dans le giron de la Holding avant qu'ils ne perdent patience devant nos atermoiements » (rappelons que KLM a aussi son mot à dire dans la nomination du PDG du groupe). Et déclare que le seul dirigeant français « qui ait l'aval des hollandais de KLM en même temps que la majorité des partenaires sociaux français avec les compétences nécessaires pour diriger le groupe AF/KL est déjà dans nos murs ». Pour la CFE-CGC qui ne cite jamais le nom de Frédéric Gagey, le candidat idéal « a une grande expérience d'Air France depuis 20 ans, a travaillé chez KLM pendant 7 ans. Que demander de mieux pour entreprendre de suite la restructuration du Groupe ? ».