La compagnie aérienne ANA (All Nippon Airways) va prendre 8,8% du capital de Vietnam Airlines et gagner une place au conseil d’administration, La compagnie privée japonaise a confirmé le 26 avril 2016 le protocole d’accord signé en janvier dernier, la transaction représentant quelques 108 millions de dollars. Il ne manque plus pour conclure l’accord que le feu vert du gouvernement vietnamien, qui détient 95% du capital de Vietnam Airlines. C’est en effet une première pour les deux parties : la compagnie nationale vietnamienne n’a jamais eu d’investisseur étranger, et ANA n’a jamais investi en dehors du Japon. Selon la porte-parole d’ANA Maho Ito interrogé par la Vietnam Investment Review, ANA aura un représentant au conseil d’administration ; elle espère récupérer chaque année quelques 9 millions de dollars, et surtout renforcer ses parts de marché en Asie. « Nous avions besoin d’un partenaire au Vietnam où une forte croissance du transport aérien est attendue », souligne un autre porte-parole Ryosei Nomura cité par la VIR ; et comme le pays est membre du TPP (Trans-Pacific Partnership, un traité de libre échange avec les USA), « nous attendons non seulement une augmentation des transactions entre le Japon et le Vietnam, ainsi qu’entre les Etats-Unis et le Vietnam via le Japon ». Lors de l’annonce en janvier du protocole d’accord entre la compagnie vietnamienne de l’alliance SkyTeam et la japonaise de Star Alliance, le choix d’ANA était expliqué par la multiplication par quatre en cinq ans du trafic entre les deux pays, avec une croissance annuelle de 50% depuis 2012. Vietnam Airlines opère 66 vols par semaine sur dix routes entre les deux pays, contre 14 vols sur deux routes pour ANA. Entre le Japon et Ho Chi Minh Ville par exemple, la compagnie vietnamienne accapare la moitié du marché devant Japan Airlines (30%), ne laissant que 10% à ANA, tandis qu’entre le Japon et Hanoi JAL et ANA représentent 20% chacune du marché. La compagnie japonaise doit en outre se préparer à la levée en 2017 de l’interdiction de lancer des nouvelles routes imposée à Japan Airlines lors de sa restructuration. Vietnam Airlines de son côté aurait été séduite par la capacité d'ANA à attirer du trafic d’affaires entre les Etats-Unis et le Vietnam (une demande qui devrait exploser avec la signature du TPP), mais aussi par la qualité de son service. Les discussions vont commencer sur la mise en place pratique du partenariat entre les deux compagnies, par exemple sur les partages de codes (Vietnam Airlines a déjà prévu d’annuler celui la liant à Japan Airlines), la coordination des programmes de fidélité ou celle de leurs opérations dans les aéroports, où le partage des comptoirs d’enregistrement ou des activités au sol devrait permettre des économies d’échelle (catering, maintenance etc.). Rappelons que le gouvernement vietnamien cherche également à privatiser partiellement le plus grand opérateur d’aéroports du pays, ACV (Airports Corporation of Vietnam).