Pas de surprise dans les recommandations de la DGAC : les compagnies aériennes ont été appelées à supprimer 20% de leur programme de vols à l’aéroport de Paris-Orly, en raison de la participation des contrôleurs aériens à la grève contre le projet de loi travail. La Direction Générale de l’Aviation civile (DGAC) a confirmé l’impact ce 28 avril 2016 de l’appel à la grève lancé par le syndicat majoritiaire USAC-CGT dans le cadre de la journée d’action nationale interprofessionnelle de la fonction publique. Si l’aéroport d’Orly est le seul affecté par la réduction des vols, l’ensemble du territoire sera touché par des perturbations : les passagers sont invités à s’informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol. Air France prévoit d’assurer la totalité de ses vols long-courriers, tous les vols depuis et vers Paris-Charles de Gaulle, et 80% de ses vols intérieurs à Orly. La low cost easyJet ne fournit pas de liste d’annulations, expliquant qu’elle fait tout son possible « pour minimiser l'impact de la grève pour nos clients » ; elle a « annulé de manière proactive un certain nombre de vols, permettant aux clients de réorganiser leurs déplacements ». Ryanair a annulé 117 vols ce jeudi, dont 22 à Paris-Beauvais ou douze à Marseille ; parmi les survols bloqués, on notera par exemple un Manchester – Ibiza, un Rome – Séville ou un Stockholm Alicante. L’USAC-CGT avait rejoint l’appel lancé le 31 mars par sept organisations syndicales et de la jeunesse (CGT, FO, FSU, Solidaires, UNEF, UNL et FIDL) pour obtenir le retrait du projet de loi El-Khomri, dénonçant une « infamie » via laquelle « un accord de branche ou d'entreprise peut primer sur les lois de la République », entre autres griefs. Cette troisième grève du contrôle aérien en un mois après celles du 20-21 mars (contre la baisse des effectifs à la DGAC) et du 31 mars (contre la loi travail), a déclenché les réactions habituelles. Ryanair a de nouveau demandé à la Commission Européenne de « prendre des mesures concrètes afin d’empêcher une nouvelle fermeture du ciel européen causée par une énième grève des syndicats des contrôleurs aériens français, leur 4ème grève en 6 semaines et leur 44ème en 7 ans ». Les deux mesures recommandées par la low cost irlandaise sont connues : à introduire deux mesures simples qui atténueraient l'impact de ces grèves des contrôleurs aériens sur les consommateurs : exiger des syndicats des contrôleurs aériens français qu’ils aient recours à un arbitrage exécutoire au lieu de passer par des grèves afin de faire entendre leurs revendications, ou permettre à d'autres contrôleurs aériens européens de prendre en charge les opérations de survol dans le ciel français pendant que les syndicats de contrôleurs aériens français sont en grève. L’association A4E (Airlines for Europe, réunissant Air France-KLM, les groupes IAG et Lufthansa, Finnair, easyJet, Ryanair, Norwegian et Jet2.com) rappelle que la grève française survient quinze jours après l’arrêt de travail surprise des contrôleurs aériens belges, et ceux en Italie et en Grèce. Ce qui aurait causé l’annulation de plus de 2000 vols et plus de 16.000 heures de retards (« un million de minutes ») dans l’espace aérien européen. Et en 2015, plus de 10.000 vols des membres d’A4E avaient été annulés, « affectant des millions de passagers ». L’association renouvelle donc soutien au projet de ciel unique  et SESAR, afin de minimiser autant que possible les répercussions de ces grèves récurrentes. Rappelons que dans son indice mensuel TendanCiel pour le mois de mars, la DGAC avait mesuré l’impact des mouvements sociaux ayant affecté le transport aérien : les indicateurs relatifs au retard se sont très nettement dégradés, la proportion de vols retardés au départ de plus d’un quart d’heure au départ ayant augmenté de 7 points et atteint 23,7% ; le retard moyen a grimpé de 5 minutes et s’établit à 14,8 minutes. Sur les trois journées des 20, 21 et 31 mars, ces indicateurs ont culminé respectivement à 63,0% et 51,7 minutes alors que sur le reste du mois, ils se mesurent à 19,9% et 11,3 minutes.