Les pilotes de la compagnie aérienne Aigle Azur ont déposé deux préavis de grève, du 5 au 8 mai et du 14 au 15 mai, protestant contre des rythmes de travail éreintants et l’absence de dialogue social. Le bureau Aigle Azur du Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL) a annoncé le 28 avril 2016 avoir déposé ces préavis de grève pour « provoquer enfin les nécessaires discussions à l’amélioration des rythmes et des conditions de travail, et permettre à la compagnie de poursuivre son redéploiement sur des bases saines » : il veut obtenir un accord collectif « en cohérence avec l’activité présente et future du transporteur ». Le syndicat explique que depuis plusieurs mois, les pilotes d’Aigle Azur sont soumis à « des rythmes de travail particulièrement soutenus, aux frontières de la législation européenne sur les limites de temps de vol ». Dénonçant l’impossibilité de « nouer un quelconque dialogue social » avec la direction pour sortir de cette situation « difficilement tenable sur le long terme », le SNPL Aigle Azur rappelle que la direction a unilatéralement dénoncé en mars 2013 les accords collectifs encadrant le temps de travail de ses pilotes. Aucune véritable négociation de bonne foi avec les organisations professionnelles représentatives n’a depuis été entreprise pour permettre la rédaction d’un nouvel accord, accuse le syndicat, Aigle Azur « imposant de fait un rythme de travail de plus en plus soutenu sans prise en compte du niveau de fatigue dans les cockpits ». L’entrée en vigueur de la législation européenne sur les limites de temps de vol (EU FTL) en février 2016 a rendu la situation « plus intenable encore », ajoute le SNPL, au travers de la « mise en œuvre de rotations en régime dérogatoire aux FTL, acceptée par la DGAC et qui conduit aujourd’hui les pilotes d’Aigle Azur à voler aux limites de temps de vol les plus hautes autorisées ». Le SNPL Aigle Azur dénonce avec force cette « utilisation jusqu’au-boutiste, déraisonnable et contestable » de la législation, rappelant que l’octroi d’un régime dérogatoire est réglementairement conditionné à l’introduction d’une gestion et d’un suivi du risque fatigue, encadré par des méthodes scientifiques. Or, cette contrepartie n’a toujours pas été mise en œuvre, la direction de la compagnie « refusant même de prendre en compte les alertes des organisations professionnelles » concernant l’état de fatigue des pilotes au point que le SNPL « craint désormais des conséquences sur la sécurité des vols ». Plus généralement, le syndicat regrette le caractère anxiogène de la politique sociale menée par la direction Aigle Azur ; politique sociale à laquelle vient s’ajouter une absence pour les salariés de visibilité sur l’avenir de la compagnie « à l’heure où le management dit envisager le renforcement de son réseau existant et la conquête de nouveaux marchés ». Se disant soucieux de sortir de cette situation et de retrouver une certaine sérénité au sein des cockpits, le syndicat requiert la négociation d’un accord collectif gagnant-gagnant en cohérence avec le réseau actuel de la compagnie et ses perspectives d’évolution. Il appelle également de ses vœux la mise en œuvre d’un projet industriel ambitieux allant au-delà du business model actuel d’Aigle Azur. Philippe Benban, président du Bureau SNPL Aigle Azur, déclare : « nous regrettons que nos nombreuses alertes concernant la fatigue des pilotes et nos nombreux appels à la négociation aient été ignorés par notre direction. Elle refuse toujours de voir les pilotes comme des partenaires dans le fonctionnement et le développement de l’entreprise. Nous restons pourtant ouverts à la discussion dès lors qu’elle se fait dans une dynamique constructive et positive ». Aigle Azur a brièvement commenté ce double préavis de grève : « s'il est mené à son terme », le mouvement pourrait potentiellement affecter les périodes du 5 au 8 mai et du 14 au 15 mai 2016, et entrainer de possibles perturbations. La compagnie tient à informer ses passagers qu’elle mettra tout en œuvre pour éviter ces perturbations et, le cas échéant, en minimiser les conséquences et la gêne occasionnée.