Le Syndicat national des pilotes de ligne d’Air France  SNPL Air France ALPA a lancé un référendum auprès de ses pilotes. Objectif : leur demander mandat pour déposer un préavis de grève de plus 6 jours. Les résultats seront connus le 30 mai prochain…

La date du 30 mai n’a pas été choisie au hasard puisque qu’elle correspond au jour précédant la date à laquelle doit entrer en vigueur la baisse des salaires des pilotes, une direction prise par le Conseil d’administration d’Air France (avec l’aval de la justice) pour compenser le non respect d’accords par les pilotes du plan Transform 2015, qu’ils avaient pourtant signé. Précisons que dans le fonctionnement réglementaire du SNPL, tout préavis de grève longue de plus de 6 jours ou 144 heures doit obligatoirement bénéficier de l’aval de ses adhérents.

Le SNPL dénonce donc le « passage en force »  et une « agression » par la direction d’Air France qui prévoit à partir du 1er juin une baisse de leur rémunération avec des heures de nuit majorées à 40% contre 50% à ce jour ou encore un calcul moins favorable pour les activités au sol (et encore « l’annualisation de 12 jours de repos » à partir d’avril 2017).

La réponse du SNPL si elle est favorable, autorise donc des grèves dures de pilotes au début du championnat d’Europe de football qui doit commencer mi-juin en France et à la veille des grands départs en vacances d’été. Mais la décision finale par les pilotes membres du syndicat risque d’être ardemment débattue, car si tous dénoncent comme « inqualifiable et inacceptable » le passage en force, une partie d’entre eux souhaite voter contre la grève. Ils estiment selon la Tribune qu’il serait « suicidaire de se lancer dans un conflit long à la veille de l'Euro de foot, des JO et durant l'été, période pendant laquelle la compagnie gagne de l’argent ». Elle suggère au contraire « d'engager le dialogue avec le nouveau PDG d'Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac » avec l’objectif de « trouver d'ici à la fin de l'année un accord équilibré » et  « restaurer enfin la paix sociale ».

Le quotidien Le Parisien a d’ailleurs donné des indications sur les salaires des pilotes d’Air France. Selon lui, la rémunération des 3 600 pilotes de la compagnie nationale a bondi de 7 % l’année dernière, alors « que pendant ce temps les autres catégories de personnels voyaient leur salaire progresser au maximum de 1,5 %. » Cette embellie s’expliquerait par l’existence de parts variables, un mouvement amplifié par le départ jamais remplacé de 200 d’entre eux . En bref, ils ont volé plus en 2015 et ont donc gagné davantage. « Il faut se rappeler qu'entre 2008 et 2014, avec la crise, nous avons perdu entre 10 % et 15 % de notre salaire, justifie Emmanuel Mistrali, du SNPL au Parisien. Si cette hausse en 2015 peut paraître importante, elle nous permet à peine de revenir au niveau de rémunération de 2008. »

Toujours selon le Parisien, la perte de salaire suite aux mesures appliquées au 1er juin prochain vont entraîner la perte de 4 000 euros sur un salaire moyen pour un pilote Air France de 190 000 euros par an. Ces baisses de rémunérations doivent permettre à la direction d’économiser entre 20 et 30 millions d’euros par an.