La grève dans le contrôle aérien lancée à l’appel des syndicats USAC-CGT et SNPACM-FO a l’impact prévu sur les compagnies aériennes et leurs passagers ce jeudi, avec 15% de vols annulés à Paris-Orly et des suppressions de vols ou retards attendus dans plusieurs aéroports français. Débutée de 26 mai 2016 à 6h00 et courant jusqu’à vendredi matin 6h00, la grève du personnel de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC) a ce matin quasiment exactement le même impact que celle de jeudi dernier – et provoque très exactement les mêmes réactions. Les passagers sont en outre appelés à prévoir un temps supplémentaire pour se rendre à l’aéroport, en raison des perturbations sur le réseau de transport public (en particulier le RER B à Paris). Air France annonce un impact modéré sur ses vols, et prévoit d’assurer la totalité de ses vols long-courriers, la totalité de ses vols depuis et vers Paris-CDG, 85% de ses vols à Paris-Orly et à Lille, et la totalité des autres vols intérieurs. Elle précise que des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure, et invite les passagers à privilégier l’enregistrement en ligne pour eux et les bagages. Les mesures commerciales sont les mêmes que pendant les précédentes grèves : report sans frais jusqu’au 28 mai, et au-delà (ou en cas de changement de route ou d’annulation, avoir non remboursable valable un an sur Air France, KLM ou HOP!. Cette dernière doit assurer 85% de ses vols à Orly et l’ensemble de ses autres lignes, tandis que la filiale low cost Transavia France précise que cinq rotations sont annulées entre Orly et Dublin, Londres-Luton, Munich, Pise et Prague (sa sœur hollandaise a de son côté annulé quatre rotations entre Amsterdam et Orly ou Nice, entre Rotterdam et Toulon et entre Eindhoven et Nice). Aigle Azur a de son côté supprimé deux rotations entre Orly et Faro et Annaba. Aer Lingus affiche dix annulations entre Dublin et Lyon, Perpignan, Marseille, Barcelone et Alicante, et British Airways a supprimé un Heathrow – Orly, deux autres étant retardés. Chez les low cost, Vueling affiche une liste de 22 annulations de vol, dont 18 à Orly (en particulier vers et depuis sa base de Barcelone) et quatre entre Barcelone et Genève ou Bruxelles. Volotea affiche une liste de 16 vols annulés par exemple à Lille, Ajaccio, Marseille, Strasbourg, Toulouse, Nantes ou Nice, une rotation Venise – Bilbao étant en outre retardée de deux heures. EasyJet annonce de son côté l’annulation de 10 vols à Orly : deux rotations vers Genève et une vers Hambourg, Rome et Venise. Mais c’est comme d’habitude Ryanair qui a annulé préventivement le plus de vols, avec un total de 76 affichés ce matin : 16 à Beauvais, 14 à Marseille ou 4 à Bâle-Mulhouse par exemple, mais surtout de nombreuses liaisons traversant l’espace aérien français, entre autres depuis Charleroi (vers Gérone ou Barcelone-Reus) ou Londres-Stansted (vers Porto ou Palma de Majorque). Les réactions du côté des compagnies aériennes sont exactement les mêmes que jeudi dernier. Ryanair rappelle qu’il s’agit de la 47ème grève des contrôleurs aériens français depuis 2009 et la 6ème en deux mois. Pour Kenny Jacobs, « il est incroyable qu’une fois de plus, les consommateurs européens sont pris en otage par des petits syndicats de contrôleurs aériens français, qui viennent d’annoncer quatre jours de grève sur les 15 prochains jours, causant l’annulation ou le retard de centaines de milliers de vols, alors que la Commission européenne et le gouvernement français restent les bras croisés. Alors que nous approchons la saison des vacances estivales et ses pics de trafic passagers, les voyageurs européens doivent se préparer à un été de la discorde car il n'y a absolument rien qui empêche ces syndicats égoïstes d’organiser encore plus les grèves dans les semaines et les mois à venir. De même, les fans et supporters qui s’apprêtent à voyager pour l’Euro de Football 2016 doivent se aussi préparer à de potentielles perturbations ». Il exhorte de nouveau chaque passager affecté à « signer la pétition de Ryanair, www.KeepEuropesSkiesOpen.com. Lorsque nous nous réunirons un million de signatures, nous présenterons cette pétition à la Commission européenne afin de la forcer à enfin agir. Maintenant, ça suffit ». EasyJet aussi  « regrette cette grève qui cause de nouvelles perturbations pour les passagers et les compagnies aériennes à travers l’Europe ». En tant que membre d’Airlines for Europe (A4E), easyJet travaille avec d’autres compagnies aériennes, dont Air France-KLM, Finnair, le groupe IAG, Lufthansa Group, Norwegian et Ryanair, afin de « demander aux gouvernements et à l’Union Européenne de mettre en place un plan d’actions pour minimiser l’impact des grèves du Contrôle Aérien sur les passagers ». Côté grévistes, un tract des organisations syndicales de la DGAC USAC-CGT et SNPACM-FO rappelait que depuis 4 ans, elles rencontrent les représentants de l'administration et du gouvernement au niveau de notre ministère et de la Fonction publique pour tenter de les alerter sur « la dégradation des conditions de travail des Ouvriers, les difficultés que rencontrent les services de la DGAC pour la réalisation de l'ensemble des missions confiées aux Ouvriers et les effets néfastes de l'externalisation provoquée par l'absence de réels recrutements autre qu'au compte-goutte ». Malgré des demandes répétées pour l'ouverture de négociations, les syndicats affirment qu’à part « de vagues promesses, rien n'a évolué et aujourd'hui l’administration est enlisée dans ce dossier ». Ils rappellent que les effectifs ouvriers hors OPA en 2008 étaient de 850 à la DGAC, mais de 690 au 1er janvier 2016. Cette politique « a des conséquences sur les possibilités de mobilité (refus de mutation ou d’ouverture d’AVE) et en aura sur le déroulement de carrière (baisse du nombre d’avancements) et sur le système de retraite », concluent les syndicats qui exigent la reprise d'un réel recrutement Ouvriers, refusent l'externalisation des missions et entendent défendre leur fonds de pension retraite (FSPOEIE). Rappelons qu’un nouvel appel à la grève dans le contrôle aérien a été lancé du 3 au 5 juin, qui selon Ryanair touchera « des milliers de vols en Europe, perturbant le voyage de millions de passagers » y compris ceux ne décollant ou n’atterrissant pas en France.