Les pilotes du syndicat SNPL de la compagnie aérienne Air France ont voté en faveur d’une grève, des arrêts de travail étant prévus dès le mois de juin mais a priori pas de mouvement de longue durée. Un résultat sans appel, titre le communiqué du syndicat majoritaire chez les pilotes de la compagnie nationale française le 30 mai 2016, à l’issue du référendum qui a mobilisé 78% de ses adhérents : 68% d’entre eux ont voté « oui à la possibilité de recourir, si nécessaire, à un mouvement qui s’inscrive dans la durée ». Le SNPL Air France ALPA y voit la conséquence d’un « dialogue social désastreux » et estime que les pilotes « sont déterminés à prendre en main leur avenir et à compter dans celui d’Air France ». Ils n’acceptent plus que leur compagnie « soit paralysée et mise en danger par une direction depuis trop longtemps en panne de stratégie comme d’ambition », ajoute le syndicat pour qui la direction ne « doit plus ignorer » la détermination de ses pilotes. Philippe Evain, Président du SNPL Air France ALPA, déclarait hier que « forts du soutien massif des pilotes, nous allons maintenant agir, en coordination avec les autres organisations professionnelles de l’entreprise, afin de mettre un terme à cette politique de délocalisation, de démantèlement et de réduction obsessionnelle des coûts ». Le porte-parole du syndicat Emmanuel Mistrali ajoute dans Libération qu’il y aura « forcément des actions en juin » mais qui seront « responsables » : le but « n’est évidemment pas d’asphyxier Air France à une période clé de son activité saisonnière », assure-t-il. On note donc que la grève de six jours annoncée par le SNPL n’est plus à l’ordre du jour, même si la menace plane vu le vote des pilotes. La stratégie du syndicat sera plutôt d’organiser de multiples arrêts de travail pour perturber l’activité d’Air France sans pour autant se mettre à dos les passagers alors que l’Euro se profile – et que ces clients sont déjà victimes des actions d’un autre syndicat dans leurs déplacements… Ce que le porte-parole résume par « reporter un voyage de quelques heures est plus supportable que d’avoir à l’annuler ». Le SNPL veut aussi convaincre les autres syndicats de le rejoindre, y compris chez les PNC ou au sol : « nous allons maintenant agir, en coordination avec les autres organisations professionnelles de l’entreprise, afin de mettre un terme à cette politique de délocalisation, de démantèlement et de réduction obsessionnelle des coûts », prévient Philippe Evain dans Le Monde. Une coordination pas évidente puisque le conflit avec les pilotes remonte à leur non-application partielle des mesures signées dans le cadre de Transform 2015, quand les autres catégories de personnel avaient elles rempli leur part du contrat. Mais la convention collective des hôtesses de l’air et stewards d’Air France arrive à échéance en octobre, et l'éventuel report des négociations pourraient les conduire à durcir le ton dès maintenant. Mercredi 1er juin est en principe la date d’entrée en vigueur de la baisse de rémunération des pilotes annoncée par Air France au début du mois, dénoncée par le syndicat comme un « passage en force » et une « agression » de la part de la direction d’Air France. Cette baisse passera entre autres par des heures de nuit majorées à 40% contre 50% à ce jour, un calcul moins favorable pour les activités au sol ou encore « l’annualisation de 12 jours de repos » à partir d’avril 2017. Des mesures qui selon le DRH Gilles Gateau devraient rapporter entre 20 et 30 millions d’euros par an, alors que la précédente grève dure des pilotes (15 jours en septembre 2014) avait coûté plus de 400 millions d’euros à la compagnie…