N’ayant jamais entendu quelqu’un se vanter d’avoir refusé un surclassement gracieux, j’ai décidé de ne pas créer de précédent et accepté la proposition de la compagnie aérienne Qatar Airways : effectuer le voyage retour entre Paris et Bangkok dans la classe Affaires de ses Airbus A380, après un aller en Economie passé pour moitié dans le superjumbo. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires1©Olivier NilssonIl est 16h00 ce mardi 21 juin 2016, l’embarquement a débuté très tôt (décollage à 16h50) y compris en classes supérieures. Mon surclassement est finalement intervenu alors que je me trouvais déjà porte 36 (après m’être trompé de satellite, seul un douanier s’apercevant de l'erreur alors que la carte avait été scannée sans rien dire). Pas de magie comme à Bangkok pour l’entrée dans l’A380, vu qu’il fait plein jour ; ou presque, ce plein jour étant à relativiser alors que les premières gouttes de pluies tombent sur le fuselage et que le ciel au-dessus de l’aéroport Charles de Gaulle noircit nettement. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires4©Olivier NilssonLe divertissement en vol n’est pas allumé, et le numéro de siège donc pas indiqué sur la télécommande – le repérage se fait à l’ancienne, sur macarons posés sur le côté des sièges. L’embarquement prématuré semble avoir perturbé les hôtesses de l’air et stewards, excessivement attentionnés quand ils ne sont pas débordés par le nombre de bagages hors taille à ranger, ou par les étourdis de mon genre à remettre à leur place au sens propre : je me fais finalement éjecter de mon siège côté hublot par un passager, qui cesse de faire la tronche quand j’échange le coussin forcément inutilisable puisque je l’avais touché (après vérification, c’est en effet le 17E  qui m’était attribué). La cabine est pleine. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires26©Olivier NilssonLes sièges en 1+2+1 sont installés en épi, et je ne comprends personnellement pas le choix d’aménagement mettant la tête du passager au plus près du couloir : trop loin des hublots pour voir dehors, d’autant qu’un espace de rangement existe entre le mur et le siège, avec à la clé un contrejour : et au milieu où je me retrouve finalement, on est trop tourné vers le voisin et donc le feeling est moins intime jusqu'à la mise en place de la séparation (les deux têtes du couple devant moi sont bien éloignées, les forçant à hausser la voix). L’angle inverse semblerait plus logique – mais je dois rater des raisons industrielles ou autres. L’écran semble gigantesque, je testerai plus tard si je peux lire le dernier épisode de GOT depuis une clé USB – ça serait bien de pouvoir se passer de son laptop (ça ne marchera pas).air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires3©Olivier Nilsson Mes pieds touchent à peine l'ottoman; tablette dépliée, l’espace disponible pour poser ses affaires est impressionnant. Je dois tâtonner le plus discrètement possible pour trouver l’ouverture du réceptacle de l’accoudoir, où se cachent le casque audio (confortable mais un peu lourd, et sifflant au bout de quelques heures) et une très bienvenue bouteille d’eau. Même chose pour les fonctions du air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires9©Olivier Nilssonrelèvement des accoudoirs et des autres mouvements du siège : non éclairées initialement, elles ne révèlent leur côté tactile qu’à l’effleurement. La télécommande du divertissement en vol fonctionne sans surprise, mais il faut parfois avoir de bons yeux pour lire certains des textes (ou des lunettes, pas de lentilles de contact recommande inlassablement l’image d’une hôtesse entre deux cartes 3D). air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires22©Olivier NilssonOn ne reviendra pas sur le système Oryx, ici dans une version légèrement différente du vol aller, en particulier pour les cartes animées (les cadrans de vitesse ne sont pas les mêmes par exemple).La trousse de toilette est signée Armani et contient tout ce qu’il faut sauf brosse à dents et dentifrice qui sont cachés dans les toilettes. La carte des vins est alléchante avec ses deux Champagne dont un rosé, un Pouilly-Fuissé, un Sauvignon blanc néo-zélandais et un Riesling pour les blancs, et un Château Smith Haut Lafitte 2008, un Shiraz australien et un Malbec argentin pour les rouges (plus un Sauternes et un Porto de dix ans). En cherchant bien, le plus gros problème de cet embarquement est un steward qui chuchote un peu trop pour mes oreilles fatiguées par les supporters de foot. Et je ne comprends pas comment Qatar Airways a osé permettre à une enfant très énervée de voyager dans le même A380 que moi (elle est évidemment assise juste derrière, mais se calmera vite). air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires2©Olivier NilssonPremières annonces pour le décollage à 16H42, les hôtesses continuent de prendre les commandes pour le dîner et les boissons – ce sera un Shiraz australien pour commencer (Kangarilla Road 2013 de McLaren Vale). Les PNC demandent 30 minutes de préavis pour préparer les repas à la carte. Le décollage est exactement à l’heure, et les services reprennent très vite. Le vin comme les autres alcools seront servis au verre pendant ce voyage, par respect pour le Ramadan. La chef de cabine salue les passagers un à un, et une heure après le décollage le service de repas commence. J’ai pour le principe renoncé au premier service, et regardé les choix des autres défiler dans l’allée jusqu’à ne plus tenir. L’attente valait le coup : saumon fumé au raifort et salades de pommes de terre à la ciboulette, en tranches épaisses et sans défaut, et surtout un plat principal superbe – poitrine de poulet aux épices arabes avec oignons frits sur riz et lit de raita, chaque ingrédient excellent par lui-même et un résultat d’ensemble digne de grandes tables (avec notablement une cuisson parfaite de la viande). air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires8©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires7©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires6©Olivier Nilssonair-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires5©Olivier NilssonLes petits défauts du siège sont vite oubliés, contrairement à la tarte au citron et son coulis de framboise : même le café est impeccable, sans oublier les quatre chocolats Valrhonha qui l’accompagnent. A mon humble avis, plus que l’espace par siège ou et le grand nombre de PNC par passager (attendus en classe Affaires, surtout en A380), c’est là que la différence est la plus flagrante par rapport à la classe Economie. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires15©Olivier NilssonLe petit salon à l’arrière de la cabine Affaires est sympathique mais vite plein, passagers et passagères s’installant de chaque côté du bar central ; seules les lumières de plafond sont un peu flashy – et des verres vides remplacent les bouteilles sur le présentoir toujours pour cause de Ramadan. J’arrive de justesse à faire une photo de l’aile avant le coucher du soleil. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires14©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires13©Olivier Nilsson           air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires12©Olivier Nilssonair-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires11©Olivier Nilsson         Les toilettes ne paraissent pas plus grandes que d’habitude mais sont couvertes de miroirs avec de jolies touches décoratives, et des rangements pour le nécessaire ; le design du robinet est particulièrement réussi. Curieusement, le wifi bugue sur mon téléphone portable alors que l’expérience en Eco était parfaite (pour les 15 minutes gratuites en tout cas, peut-être sont-elles enregistrées comme épuisées dans le potable). Pas de quoi déranger les PNC puisque je n’ai rien d’autre à faire en ligne qu’envoyer un email de frime (regarde maman, je te cause depuis le Moyen Orient). air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires23©Olivier NilssonIl est 21h10 et on survole Sulaymaniah en Iraq, la télécommande indique 1h41 de temps de vol restant – bonne idée pour savoir si on peut regarder un film entier avant l’atterrissage. J'ai largement le temps de tester toutes les combinaisons de position du siège ; n'ayant pas sommeil, ma préférée reste le « transat », avec dossier à environ 60°, un très souple coussin sous la nuque, et jambes presqu’à l’horizontale grâce au soutien-mollets. Et de remplir de nouveau l’inscription au Privilege Club de Qatar Airways, la même opération en ligne n’ayant apparemment pas été enregistrée. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires21©Olivier NilssonQuelques turbulences arrivent à faire trembler - un peu - le superjumbo lors du survol du Koweït, mais sans plus, et après un vol parfaitement confortable je retrouve les couloirs interminables de l’aéroport de Doha Hamad International, regardant avec envie passer un train vide de passagers, qui est en période d’essais mais devrait à terme supprimer le côté marathon de la correspondance. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires19©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires20©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires17©Olivier Nilsson air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires16©Olivier NilssonIl n’y a pas beaucoup de monde, y compris au duty-free (prix imbattables sur ma drogue préférée, la caissière me fait rajouter un Toblerone aux deux cartouches pour atteindre 20 euros et éviter de me donner le change en dollars). Et ce calme est encore plus visible à la porte d’embarquement vers Bangkok, aussi triste et presque vide que les autres en ce milieu de nuit. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires18©Olivier NilssonQuelques images du tarmac et je rejoins mon siège côté hublot, le 15A pour de vrai cette fois, avec la vague impression que certains PNC sont les mêmes que depuis Paris – ou alors, je suis trop fatigué pour les distinguer… Nous sommes moins d’une dizaine cette fois en classe Affaires, et je ne subit toujours pas la moindre tentation de sortir la couverture – apparemment, moins il y a de sièges, plus il est facile de maintenir une température « normale » dans la cabine. Un pyjama est fourni mais je n’ai pas l’intention de m’en servir, désireux de profiter enfin du paysage puisque le jour se lèvera vite. Un certain Captain Velasquez nous pilotera jusqu’à la capitale thaïlandaise, mais la majorité des PNC semble être d’origine chinoise. Décollage pile à l’heure, je refuse toute proposition de dîner léger en faveur d’un repas plus costaud demain avant l’atterrissage. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires24©Olivier NilssonOryx met de longues minutes à essayer de charger son contenu, en vain – le reset via la télécommande et avec l’aide d’une hôtesse prend sept minutes, de quoi m’assoupir une première fois. Réveil à 4h48 de l’arrivée, quelque part au sud du Pakistan. Mais les nuages sont partout en-dessous de nous, masquant le lever du soleil. On survole le delta de l’Indus, un express toujours aussi bon et deux petits gâteaux achèvent de me réveiller – juste à temps pour entendre le voisin de derrière courroucé fermer l’avant-dernier hublot ouvert de la cabine, me privant ainsi du spectacle de la flexibilité de l’aile. A 11.749 mètres, les nuages sont désormais au-dessus de l’avion ; je ne vois toujours pas trace de la terre. Et même si tous les autres passagers dorment, une hôtesse passe environ toutes les dix minutes juste au cas où – courtoisie et attention sont sans surprise, vu le niveau déjà atteint déjà en Eco. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires10©Olivier NilssonRien à voir dehors, le temps restant est donc passé à regarder des films et suivre le déplacement de l’A380 – il faut absolument remplacer le sourire rayonnant de l’une des hôtesses accompagnant les messages de recommandation pour un meilleur voyage, j’ai du mal à retenir ce qui est écrit à côté d’elle. air-journal_Qatar A380 CDG BKK Affaires25©Olivier NilssonLe temps s’éclaircit au-dessus de la Birmanie, moment choisi pour servir le petit-déjeuner – où un solide morceau de bœuf remplace avantageusement les habituelles saucisses. Et oui, l’omette et les croissants sont à la hauteur. Atterrissage en souplesse, et dernier avantage de ce voyage en classe Affaires particulièrement apprécié : le passe qui permet aux veinards de passer par la file VIP de l’immigration. Bagage prioritaire livré, je suis dans un taxi 30 minutes après avoir touché le sol. Qatar Airways relie Doha à Bangkok 4 fois par jour en direct (au moins deux vols en A380 en juin), et Doha à Paris 3 fois par jour en direct (au moins un vol en A380 en juin)