Ethipopan Airlines, qui fête cette année son 70è anniversaire, a reçu ce 28 juin 2016, le premier Airbus A350-900 XWB sur les 14 appareils qu’elle a commandés. L’événement est historique, la compagnie nationale éthiopienne était jusque là 100% Boeing. « Nous nous européanisons », s’exclame Lemma Yadecha Gudeta, directeur d’Ethiopian France. Baptisé « Simien Mountains », ce premier A350 fait d’Ethiopian Airlines la compagnie de lancement de l’A350 en Afrique (comme elle le fut pour le Dreamliner de Boeing). L’avion est configuré en biclasse (30 sièges en classe Affaires et 318 en Economie) et sera aligné sur des liaisons d'Addis Abebas vers Dubaï et Lagos. Selon Lemma Yadecha Gudeta, son directeur en France, il est tout à logique pour Ethiopian Airlines d’opérer des avions de l’avionneur européen à l’heure où elle affiche l’ambition de relier l’Europe, via son hub d’Addis Abebas, aux destinations touristiques africaines -Kenya, Tanzanie, Afrique du sud, Zambie, etc. - et aussi aux Seychelles dans l’Océan indien. En outre, comme Ethiopian Airlines va passer dans les années à venir de grosses commandes pour renforcer sa flotte, il est tout à fait logique qu'elle tente désormais de jouer la concurrence entre Airbus et Boeing. air-journal ethiopian airlines aeroport addis ababaEn effet, son objectif est d’exploiter une flotte de 140 à 150 appareils en 2025.  Pour cela, elle devra commander encore au moins une trentaine d'avions et aussi une cinquantaine autres pour replacer ses vieux Boeing 757 et 767 qui seront mis à la retraite au cours de la prochaine décennie (en incluant les besoins de ses filiales ASKY et Malawian Airlines). La flotte la plus moderne en Afrique Créée en 1946, la « grande dame » ne cache pas son ambition de devenir aujourd'hui le premier transporteur du continent africain. En termes de chiffres d’affaires et de bénéfices, elle est déjà la première compagnie africaine, ayant réalisé un bénéfice net record de 165,4 millions de dollars durant son exercice fiscal 2014-2015, en hausse de 12% par rapport à l’exercice précédent. Egalement, elle possède la plus jeune flotte du continent africain avec une moyenne d’âge de moins de 7 ans et dessert actuellement une centaine de destinations internationales à travers les 5 continents, soit plus de 200 départs quotidiens. air-journal ethiopian airlines avionsSa flotte compte actuellement 70 avions passagers au total dont 10 Triple Sept (6 777-200LR et 4 777-300ER), 14 Boeing 787-8 Dreamliner (+5 à venir) et bien entendu 1 A350-900 (+13 à venir). Elle a déjà commandé 20 737 MAX 8 pour son réseau moyen-courrier et envisage d’acquérir encore 15 à 20 Boeing 777X pour renforcer sa flotte long-courrier. Elle exploite en plus 8 avions cargo. Bénéficiant d’une forte progression du trafic (6 millions de passagers transportés en 2014 et 7 millions estimés en 2015), Ethiopian Airlines pourrait devenir en 2016 la première compagnie africaine en termes de nombre de passagers (devant South African Airways avec 7,1 millions, Egyptair avec 7 millions et Royal Air Maroc avec 6 millions). Relier l’Europe à l’Afrique et l’Asie S’inspirant des hubs de Dubaï, de Doha et d’Abou Dhabi d’Emirates, de Qatar Airways et d’Etihad Airways, Ethiopian Airlines utilise son hub d’Addis Abeba pour relier l’Europe à l’Afrique et l’Asie. Ainsi, au départ de Paris Roissy-CDG, ses vols vers Addis Abeba autorisent des connections vers presque toutes les destinations africaines -Brazzaville, Kinshasa, Douala, Kilimandjaro, Zanzibar, Lusaka, Le Cap, Johannesburg entre autres… - et aussi vers Mahé aux Seychelles. Elle propose 5 rotations hebdomadaires entre Paris et Addis Abeba et une sixième en haute saison. Elle espère obtenir des autorités française une septième rotation afin de pouvoir offrir aux Français un vol quotidien. Représentée en France par le réseau APG, elle transporte entre 45 000 et 50 000 passagers français par an (avec un taux de croissance de 20% en 2015). air-journal ethiopian airlines hotessesLa ligne entre Paris et Addis Abeba est opérée en Boeing 787 Dreamliner configuré en biclasse (24 sièges en Affaires et 246 en Economie). Ethiopian Airlines offre un confort et un service à bord irréprochables, , que ce soit en Affaires ou en Economie. Deux reproches que l'on pourrait faire à la classe Affaires sur son Dreamliner au départ de Paris: l'absence de Wifi et les sièges sont posés côte à côte et non pas en biais, ce qui oblige le passager du hublot à enjamber son voisin lorsque ce dernier déploie son siège-lit à 180°. Outre sa base principale d'Addis Abebas, Ethiopian Airlines exploite deux autres hubs, Lilongwi au Malawi et Lomé au Togo. Des hubs qui lui permettent de desservir efficacement tout le contient africain, en partenariat avec Malawian Airlines (qu’elle détient à hauteur de 49%) et la compagnie togolaise ASKY (qu’elle détient à hauteur de 40%) qui, par ailleurs, a réalisé pour la première fois depuis sa création en 2010 un bénéfice de 3,35 millions d'euros. Ethiopian Airlines étoffe, d’autre part, son réseau international grâce à des partages de codes avec All Nippon Airways, Asiana ou encore Air India pour desservir l’Asie et United Airlines pour les Etats-Unis. Ethiopian Airlines a largement profiter de la croissance, au cours de la dernière décennie, des pays asiatiques, en tête la Chine. Elle opère 29 vols hebdomadaires avec la Chine, transportant des dizaines de milliers de Chinois qui débarquent en Afrique dans la foulée des investissements chinois. La compagnie éthiopienne attend avec impatience l'inauguration, en 2017, du nouveau terminal de l'aéroport international d'Addis Abeba capable d'accueillir 25 millions de passagers par an. Géographiquement, la capitale éthiopienne est bien située au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie. Une direction compétente et une gestion saine air-journal ethiopian airlines maintenanceAlors que ses concurrentes South African Airlines et Kenya Airways sont en faillite, accumulant déficit sur déficit, quel est le secret de la réussite financière d'Ethiopian Airlines ? « Un meilleur management, un meilleur leadership et des dirigeants formés au pays qui ne travaillent pas pour l’argent mais pour le transporteur aérien national », répond avec une pointe de fierté son PDG, Tewolde Gebremariam. Dans les faits, la compagnie éthiopienne a adopté un plan stratégique sur 15 ans, appelé Vision 2025 qui a pour objectif de développer ses activités avec sept centres d’affaires : Ethiopian Domestic and Regional Airline (compagnie aérienne domestique et régionale) ; Ethiopian International Passenger Airline (compagnie internationale pour le transport de passagers) ; Ethiopian Cargo ; Ethiopian MRO (maintenance) ; Ethiopian Aviation Academy donc (école de pilotage) ; Ethiopian In-flight Catering Services (services de restauration en vol) ; Ethiopian Ground Service (services au sol). L'objectif est de tout faire elle-même, de tout contrôler, de la maintenance à la formation des pilotes en passant par le catering ou encore la vente, avec pour chaque activité un centre d'affaires dédié. Reste un obstacle de taille, la concurrence féroce des compagnies aériennes du Golfe qui, après avoir quadrillé l'Asie, étendent à toute vitesse leurs réseaux en Afrique. Tout comme les compagnies traditionnelles européennes, Ethiopian Airlines fait face aujourd'hui à Emirates, Ethiad Airways et Qatar Airways. « Elles sont subventionnées, elles opèrent des lignes à perte (en bradant les billets, ndlr). Par exemple, Emirates dessert Kuala Lumpur avec six vols quotidiens à des tarifs inférieurs et monopolise les marché malaisien. Que pouvons-nous faire... ? » se désespère Lemma Yadecha Gudeta, directeur d’Ethiopian France.