Le syndicat SEPLA met en cause la formation des pilotes espagnols de Swiftair, qui assurait pour le compte de la compagnie aérienne Air Algérie le vol AH5017 qui s’est écrasé au Mali en 2014, entrainant la mort de 116 personnes. La compagnie algérienne doit d’autre part faire face à la facture de 600.000 euros présentée par les autorités françaises pour le transport des familles de victimes sur le lieu du crash. Alors que l’Algérie a commémoré le 24 juillet 2016 le deuxième anniversaire de la catastrophe, qui avait coûté la vie à 110 passagers et six membres d’équipage lors d’un vol entre Ouagadougou et l’aéroport d’Alger, le syndicat de pilotes espagnols SEPLA a mis en cause lundi la formation des pilotes aux commandes du McDonnell-Douglas MD83 de Swiftair. Ils n’auraient « pas été formés aux manœuvres qui auraient permis d’éviter le drame », précise le syndicat, en particulier à la détection de la diminution de vitesse jusqu’au décrochage et le rattrapage de ce dernier. Ce sont deux des points mis en avant par le rapport final du BEA (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses) pour expliquer l’accident, en plus de la non-activation du système antigivre par l’équipage. Rappelant des accidents similaires arrivés sur des MD80 (American Spirit en 2002, West Caribbean Airways en 2005) et surtout la disparition du vol d’Air France AF447 entre Rio et Paris en 2009, le SEPAL rappelle que l’OACI a prévu des formations complémentaires, et accuse Swiftair de ne pas les avoir mises en œuvre. Ces accidents et le crash du vol AH5017 ont en commun la grande expérience de leurs équipages, et donc ils ne peuvent être expliqués (pour la partie humaine) que par des défauts de formation. Selon le chef du département technique du SEPLA Ariel Shocron, « nous n’apprenons pas de nos erreurs », tandis que le président du syndicat Javier Gomez Barrero déplore que « nous sommes devenus des gestionnaires des systèmes au détriment d’une formation d’aviateur, plus proche des principes de base de l'aviation ». Il ajoute que les pilotes sont « en charge et responsables de la sécurité de nos passagers et pourtant notre formation ne répond qu'aux principes du marché » ; il veut croire qu’il existe une « valeur fondamentale, que nous savons ce que nous faisons aux commandes d'un avion. Notre responsabilité en qualité d’aviateurs dépend de la garantie de cette connaissance ». Pour le syndicat, il est évident qu’avec une formation continue et adéquate, l’équipage du vol AH5017 aurait eu « assez d'outils et de connaissances » pour identifier les problèmes de l’avion sans se fonder exclusivement sur les données envoyées par les sondes externes. Et il appelle donc toute l’industrie, que ce soit les autorités, les opérateurs ou les associations représentatives, à « reprendre sérieusement » la façon d'aborder la formation des pilotes. Une autre conséquence du crash a été présentée à Air Algérie : la facture de plus de 600.000 euros représentant les frais de déplacement des familles de victimes sur les lieux de l’accident. Envoyée par les autorités françaises, cette facture fait l’objet de discussions « pour trouver un arrangement autour du montant », explique le directeur des affaires générales de la compagnie Nabil Doumi dans El Watan. Le dirigeant refuse de parler de polémique, et rappelle que l’assureur d’Air Algérie avait refusé de couvrir le voyage des familles, « en raison des risques qu’il a jugé élevés dans cette zone ». L’Etat français avait alors proposé de prendre en charge « toute l’opération, de Paris à Ouagadougou ». M. Doumi se dit « tout à fait confiant » quant aux résultats du dialogue engagé avec la France, sans préciser à quel niveau il souhaite abaisser la facture. air-journal_AH5017 Swiftair_MD-83_EC-LTV@curimedia