La compagnie Kenya Airways affiche un déficit de 230 millions d'euros (26,22 milliards de shillings kényans) sur l'exercice annuel achevé le 31 mars 2016, soit la plus grosse perte de son histoire. La compagnie aérienne du Kenya, dont les principaux actionnaires sont le gouvernement kényan et le groupe Air France-KLM, a vu ses comptes décimés par une couverture pétrole ("fuel hedging") catastrophique. Le « fuel hedging » est un système permettant à une compagnie aérienne d'acheter du kérosène à un prix relativement stable, la protégeant d'une éventuelle hausse soudaine du cours du pétrole. Mais les accords de Kenya Airways ont induit un effet indésirable : lorsque le prix du baril a chuté à la mi-2014, la compagnie kényane a continué à payer le prix fort alors que la plupart de ses concurrentes avaient conclu des accords sur des périodes plus courtes et ont pu les renégocier rapidement en tenant du nouveau prix du pétrole. Par ailleurs, la politique d'expansion baptisée « Project Mawingu » lancée en 2011, avec notamment l'achat de nouveaux Boeing et l'objectif de doubler le nombre de destinations d'ici 2021, a tourné à la catastrophe. Le nombre de touristes a non seulement chuté en Afrique en raison du virus Ebola et d'attaques terroristes, mais Kenya Airways a également pâti de la concurrence des compagnies du Golfe et de l'émergence de sa voisine Ethiopian Airlines qui grignote doucement mais surement son marché. Côté bonne nouvelle, son chiffre d’affaires est en hausse de plus de 5 % par rapport à l'année fiscale précédente, et sa perte opérationnelle a été réduite de 145 millions d’euros à 36 millions grâce à une série de mesures drastiques appliquées à partir de 2015 (suppression de 600 emplois, soit 15 % des 4 000 salariés; réduction de la flotte).