Le Royaume Uni a lancé hier une enquête contre Airbus, portant sur des soupçons de corruption de la part d’intermédiaires dans la vente d’avions commerciaux. Annoncée le 7 aout 2016, l’enquête ouverte par le Serious Fraud Officie britannique (SFO) chargé des enquêtes sur la corruption parle d’allégations « portant sur des irrégularités concernant des consultants tiers » impliqués dans les ventes d’avions ; aucun autre détail ne sera officiellement communiqué durant la durée de l’enquête. Le groupe européen a confirmé l’ouverture de cette enquête sur « des soupçons de fraude, pots-de-vin et corruption dans l'activité de l'aviation civile d'Airbus », et promis une entière coopération avec le SFO. Airbus Group avait déjà il y a quatre mois été l’objet d’une suspension des crédits à l’export par l’UKEF, l’agence britannique de crédits à l’exportation (équivalent de la Coface française), qui avait rapporté au SFO ses soupçons d’irrégularité car Airbus Group n’avait pas déclaré le rôle d’intermédiaires à l’étranger ; la France et l’Allemagne avaient annoncé une mesure similaire. Première entreprise d’aéronautique civile en Grande Bretagne, Airbus Group fait déjà l’objet d’enquêtes, dans le pays sur des ventes militaires à l’Arabie Saoudite en 2012 et en France sur la vente d’hélicoptères au Kazakhstan en 2011 (où une commission de 12 millions d’euros aurait été versée au Premier ministre). Le PDG Tom Enders a dissout le SMO (Strategy & Marketing Organisation), le service en charge des commandes à l’export et justement des intermédiaires, après un audit de ses pratiques particulièrement « musclé » selon Intelligence Online. Rappelons qu’Airbus, comme Boeing d’ailleurs, fait d’autre part aux Etats-Unis face à une campagne de lobbying intense de la part de députés et sénateurs opposés à la levée des sanctions contre l’Iran. Le département du Trésor doit décider si les ventes annoncées, portant sur plus de 200 appareils des deux avionneurs, peuvent être approuvées ; cette décision pourrait être reportée après l’élection présidentielle du 8 novembre.