Le ministère du Travail a validé la procédure de licenciement à l’encontre du délégué syndical CGT impliqué dans les violences autour du CCE de la compagnie aérienne Air France en octobre dernier, lors desquelles deux dirigeants avaient eu la chemise arrachée. Selon le communiqué du 8 aout 2016, la ministre du travail Myriam El Khomri a validé le licenciement de Vincent Martinez « à l'issue d'une analyse longue et minutieuse des faits survenus le 5 octobre 2015 en marge du comité central d'entreprise du groupe Air France, et sur la base des éléments portés au dossier ». Pour le ministère, « il ressort que la faute reprochée est d'une gravité suffisante pour justifier le licenciement du salarié protégé », la décision étant présentée comme « cohérente avec le licenciement des quatre autres salariés impliqués dans le même dossier, qui ne bénéficient d'aucun mandat syndical et dont le cas n'est donc pas soumis à l'autorisation de l'inspection du travail ». Le délégué syndical a toujours la possibilité de « former un recours de la décision de la Direction générale du travail devant le tribunal administratif », conclut le communiqué. Le délégué CGT, magasinier à la maintenance, est accusé par Air France d'avoir agressé le DRH Xavier Broseta (aujourd’hui parti), dont la chemise avait été arrachée tout comme celle du responsable de l'activité long-courrier Pierre Plissonnier, et deux vigiles pendant la manifestation organisée au siège d'Air France à Roissy, contre l’annonce de 2900 suppressions de postes dans le cadre de Perform 2020 - y compris via des licenciements secs, une première dans l’histoire de la compagnie. Après une mise à pied, il avait été réintégré à son poste. L'Inspection du travail avait refusé en janvier son licenciement pour faute lourde, estimant qu’il était impossible de prouver s’il avait été acteur ou victime des bousculades. La direction de la compagnie formant un recours auprès du ministère du Travail qui vient de lui donner raison. La CGT a dénoncé hier une « chasse aux sorcières », affirmant que la décision du ministère était en outre « hors délai » : le secrétaire général Philippe Martinez y voit une « attitude revancharde » du gouvernement après le conflit sur la loi Travail, tandis que le porte-parole du syndicat à Air France Mehdi Kemoune parle de « nouveau 49-3 contre un salarié qui n'a rien à se reprocher » et de « criminalisation de l'action syndicale ». La rentrée risque d'être « animée », prévient Karim Taïbi de FO Air France. Le délégué comme les quatre autres salariés licenciés doivent aussi être jugés pour violences en réunion au tribunal correctionnel de Bobigny, onze autres étant poursuivis pour dégradations en réunion (ils avaient fait l’objet de mesures disciplinaires, avec des suspensions sans solde de 15 jours). Leur procès se tiendra les 27 et 28 septembre.