Un « dialogue un peu difficile » a été évoqué par les syndicats d’hôtesses de l’air et stewards de la compagnie aérienne Air France après la reprise des négociations mercredi. Quant au délégué CGT licencié après l’incident des « chemises arrachées », il a décidé d’aller en justice. Après la grève de sept jours des PNC de la compagnie nationale française en juillet, qui lui a fait perdre 90 millions d’euros et a affecté 150.000 passagers, la reprise des négociations le 24 aout 2016 ne s’est pas passée mieux que prévu. Le DRH d’Air France Gilles Gateau a expliqué aux trois syndicats représentatifs de la profession (SNPNC-FO et UNSA-PNC, 45% des voix et à l’origine de la grève, et UNAC qui avait repoussé son préavis de grève à octobre) a indiqué que ces négociations doivent repartir de zéro. Il a de nouveau proposé de prolonger jusqu’en mars 2017 l’accord d’entreprise actuel, qui arrive à échéance fin octobre, histoire de ne pas aboutir à un résultat qui serait en porte-à-faux avec le projet stratégique d’Air France-KLM attendu début novembre. En échange, les discussions seront ouvertes sur le contour d’un futur accord à durée indéterminée – tout en sachant que la prolongation de l’accord fin octobre sera automatique quel que soit le résultat des négociations. Si Air France a précisé avoir abandonné toute idée de gains de productivité pour ses 13.600 PNC après les bons résultats du deuxième trimestre, les syndicats ne sont pas satisfaits : SNPNC et UNSA-PNC demandent toujours un changement radical du dialogue et de la politique sociale qui passera « notamment par une amélioration significative de nos conditions de travail sur la durée », et souhaitent comme l’UNAC arriver à un accord fin octobre. Et le retrait des dernières propositions d’Air France (prolonger l’accord actuel de 17 mois avec quelques modifications, accepté par l’UNAC mais refusé par les deux autres syndicats qui exigeaient cinq ans) ne va pas simplifier les négociations. Selon Christophe Pillet du SNPNC cité par La Figaro, « l’entreprise reste sur ses positions et n'entend pas la grogne des salariés qui s'est largement exprimée » cet été. Air France doit aussi reprendre cet automne les négociations avec les pilotes, et gérer fin septembre le procès des salariés impliqués dans les violences autour du CCE d’octobre 2015 (l’épisode des « chemises déchirées »), lors duquel l’intersyndicale appelé à manifester. Dans ce dernier cas, le magasinier à la maintenance et délégué syndical CGT Air France Vincent Martinez, dont le licenciement a été validé par le ministère du travail, a décidé de poursuivre son combat en justice. L’avocate du syndicat Me Lilia Mhissen a selon Challenges formé deux recours auprès du tribunal administratif de Cergy-Pontoise, l'un au fond pour excès de pouvoir, et l'autre en référé « pour demander de suspendre l'exécution de la décision dans l'attente de l'examen du recours » au fond. L’avocate estime que le ministère ne s’est pas prononcé dans les délais impartis, et que la motivation ne « caractérise pas l’intention de nuire » du délégué, qu'il s'agisse du moment « où il a repoussé la foule pour protéger les cadres » ou de celui « où il a repoussé le vigile » - un geste qui devrait de toute façon « s'apprécier en fonction du contexte, le vigile lui ayant préalablement donné des coups de coude ». Rappelons que l’Inspection du travail avait refusé en janvier son licenciement pour faute lourde, estimant qu’il était impossible de prouver s’il avait été acteur ou victime des bousculades. La direction d’Air France avait alors formé un recours auprès du ministère du Travail qui lui a donné raison, provoquant des accusations de « chasse aux sorcières » de la part de la CGT. Le délégué et quatre autres salariés licenciés doivent aussi être jugés pour violences en réunion au tribunal correctionnel de Bobigny, onze autres étant poursuivis pour dégradations en réunion (ils avaient fait l’objet de mesures disciplinaires, avec des suspensions sans solde de 15 jours). Leur procès se tiendra les 27 et 28 septembre. La rentrée sociale d’Air France risque donc d’être agitée, d’autant qu’un appel à la grève générale contre la Loi Travail le 15 septembre a été lancé par les syndicats CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, UNL et Fidl, et devrait avoir un impact sur le transport aérien.