La compagnie aérienne Swiss International Air Line a reconnu avoir commis des erreurs dans sa tentative de reconquête du marché à l’aéroport de Genève, et en particulier celle de sous-estimer le « réflexe easyJet ». Interrogé dans Le Temps du 29 aout 2016, le directeur général pour la Suisse romande de la compagnie nationale suisse Lorenzo Stoll reconnaît « des erreurs dans la stratégie de reconquête » à l'aéroport de Genève-Cointrin : « il ne faut pas s'en cacher, nous avons voulu aller trop vite », déclare le dirigeant, avant de préciser que Swiss a « clairement sous-estimé les difficultés de l'exercice consistant à confronter la marque Swiss au réflexe easyJet ». Mais l’échec est aussi dû selon lui à ce qu’il appelle un développement disproportionné du réseau, avec le passage « de 13 à 42 routes en un an sans ajouter de nouveaux avions » (dont Nice, Ajaccio, Biarritz, Calvi, Marrakech ou Alger). L’entretien survient huit jours après la publication par Le Matin Dimanche d’un procès-verbal interne évoquant un possible retrait de Swiss à Genève, où elle serait remplacée par une autre filiale du groupe Lufthansa, la low cost Eurowings. M. Stoll assure que « retirer des avions, voire quitter Cointrin n'est pas envisageable», l’aéroport de Genève étant jugé « d’une importance fondamentale» avec son potentiel de 25 millions de passagers par an à l’horizon 2030. Mais il précise prudemment que ce qui est possible, c’est de « changer la compagnie opérant de cette plate-forme ». Le dirigeant rappelle en outre que la stratégie de reconquête lancée en 2013 a depuis permis d’améliorer les résultats opérationnels dans l’aéroport de 50%, l’objectif étant de la conclure – avec des réajustements en raison des « vents contraires » tels que les taux de change, les attentats ou la crise économique et politique en Europe. La rentabilité de Swiss à Genève est désormais reportée à 2017-2018, tout comme y atteindre un coefficient d’occupation de 80%. Pour l’avenir proche, la compagnie suisse de Star Alliance va resserrer son offre à Genève, la diminuant « de 40 à 30 destinations tout en augmentant la fréquence sur certaines routes ». L’arrivée à partir d’avril prochain des Bombardier CSeries, moins gourmands, devrait en outre l’aider à améliorer les résultats sur la plateforme, où elle compte bien proposer « des destinations uniques et inédites ». Rappelons qu’easyJet représente 43,2% des parts de marché à Genève (elle ne fait face qu’à Air France depuis et vers Paris), loin devant Swiss (15%) et British Airways (4,7%).