Le syndicat de pilotes SNPL France ALPA s’oppose à son tour au mode de financement du projet CDG Express, dénonçant un tour de bonneteau du gouvernement qui veut compenser une nouvelle taxe passager par la suppression d’une autre. Après les compagnies aériennes dont Air France-KLM et les associations les représentant comme la FNAM ou le SCARA, c’est au tour du premier syndicat de pilotes français de s’en prendre au financement du projet de ligne ferroviaire entre l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle et la Gare de l’Est. Dans son communiqué du 19 septembre 2016, le SNPL dénonce les choix du groupe ADP comme du gouvernement pour le financement du CDG Express : « plutôt que de financer l’infrastructure par l’emprunt ou sur les fonds propres du Groupe, Augustin de Romanet, son PDG, estime normal de la faire préfinancer pendant 6 ans par une industrie déjà exsangue. Plutôt que de s’opposer à cette nouvelle taxe, le Secrétaire d’Etat chargé des Transports propose de la compenser par la suppression d’une autre, un bel exemple de courage politique ». Premier visé par le syndicat, Paris Aéroport « qui dégage pourtant depuis des années de confortables bénéfices », et qui a décidé une nouvelle fois de ponctionner au travers d’une nouvelle taxe sur les billets d’avion « ses vaches à lait préférées, les compagnies aériennes ». Le jugement n’est pas plus nuancé pour l’Etat, « qui se prétend stratège » et se défausse de son devoir d’aménagement du territoire « en n’entendant pas consacrer un centime au développement d’une infrastructure, pourtant reconnue comme essentielle » pour l’industrie du transport aérien comme pour le développement touristique de toute la région Ile de France. Le SNPL rappelle que le rapport Le Roux sur la compétitivité du transport aérien français de novembre 2014 avait « démontré sans ambiguïté » que l’aérien ne pouvait plus supporter de taxes supplémentaires, et qu’il était « urgent de réduire drastiquement le poids de celles existantes ». Il ne peut donc « accepter ni le diktat de Paris Aéroport, ni le marché de dupe proposé par le Gouvernement », et demande l’abandon de la future taxe sur les billets d’avion envisagée pour financer le CDG Express, tout comme la baisse des autres taxes pesant sur le transport aérien comme préconisé par le rapport Le Roux. Dévoilée le mois dernier, ce projet de taxe d’environ un euro par passager (prélevée sur les billets au départ comme à l’arrivée de Roissy dès 2017) rapporterait chaque année entre 35 et 40 millions d’euros, permettant de boucler le financement de CDG Express. Le but de cette mise en place rapide serait de convaincre les banques de financer le chantier, afin qu’il ne souffre d’aucun retard – surtout si les Jeux Olympiques 2024 sont attribués à Paris. Le secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies expliquait la semaine dernière que si cette taxe est bien mise en place, « il faut réfléchir à une compensation pour en faire que l'opération soit blanche pour Air France et pour toutes les compagnies présentes sur l'aéroport de Roissy » ; la compensation pourrait se présenter sous la forme d’une réduction d’autres taxes, avait-il suggéré.