L'Union européenne avait été précurseur en imposant une taxe carbone aux avions survolant les pays européens. Aujourd'hui, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI ou en anglais ICAO pour International Civil Aviation Organization) prépare une résolution semblable pour lutter contre les émissions de CO².

Les délégués des 191 pays membres de l'OACI, organisme sous tutelle des Nations-unies,  qui se réunissent du 26 septembre au 7 octobre, à Montréal dans le cadre de La semaine de l'aviation civile, devraient adopter à la fin de leur 39è assemblée un mécanisme mondial de compensation des émissions de carbone par les avions appelé CORSIA (pour Carbon offsetting and reduction scheme for international aviation ou Régime de compensation et de réduction de carbone pour l'aviation internationale).

A l'ouverture de l'assemblée, 59 pays, parmi lesquels les pays européens, les Etats-Unis, la Chine, le Canada et le Japon, et dont les compagnies aériennes représentent 80% du trafic aérien mondial, ont déjà fait savoir qu'ils voteront la résolution de l'OACI, ouvrant la voie à une application internationale. Alors que la taxe carbone européenne n'est appliquée qu'aux vols intra-européens, les vols internationaux en étant exemptés en raison de l'opposition des Etats-unis et de la Chine.

CORSIA va s'étaler en deux phases, d'abord sur une base de volontariat avec une première étape pilote suivie d'une mise en application partielle, puis à partir de 2027 sur un mode obligatoire. D'ici à 2026, sur une base volontaire donc, un projet pilote sera mis en place pour valider le mécanisme puis CORSIA sera réellement mis en application uniquement sur les liaisons aériennes entre les pays participants à cette phase. Entre 2027 et 2035, puis la seconde phase sera élargie à tous les pays à l'exception des pays les plus pauvres ou les micros Etats ou ceux qui pèsent moins de 0,5% du trafic mondial de passagers.

A l'heure actuelle, les avions dégagent environ 2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Mais les vols devraient doubler dans la prochaine décennie, surtout en Asie et dans les autres pays émergents. Les compagnies aériennes, les premiers acteurs concernés par cette taxe internationale, "soutiennent fortement" CORSIA, " un outil essentiel pour notre engagement de croissance neutre en carbone", a déclaré, à l'occasion de l'assemblée de l'OACI, Alexandre de Juniac, ex-PDG du groupe Air France-KLM qui a pris en juillet la tête de l'IATA, l'Association internationale du transport aérien (réunissant 268 transporteurs de 117 pays). "Ce sera le premier accord mondial destiné à un secteur industriel. CORSIA, ainsi que d'autres mesures d'amélioration des technologies, des opérations et des infrastructures, maintiendra l'aviation au premier plan des industries qui gèrent de façon responsable leur impact sur le climat", a-t-il ajouté. Concrètement, CORSIA devrait coûter aux compagnies aériennes entre 9 milliards de dollars US et 25 milliards de dollars US en 2035, selon IATA. Un surcoût qui impactera à maxima de 1% le coût d'exploitation des compagnies aériennes. Quand à l'argent de cette taxe internationale, il devrait servir à financer des projets de développement durable... comme planter des arbres ?