Le parquet a requis cinq peines de prison avec sursis dans le procès des 16 salariés de la compagnie aérienne Air France impliqués dans les violences du CCE d’octobre 2015, tandis que lé défense a plaidé pour une relaxe faute de pruves. Le verdict est renvoyé au 30 novembre. « Aucune violence sociale ne saurait justifier la violence physique », a déclaré le 28 septembre 2016 le procureur Philippe Bourion lors des réquisitions à la fin des deux jours de procès à Bobigny des salariés impliqués dans les violences lors du comité central d'entreprise d’Air France le 5 octobre 2015, qui avaient vu deux dirigeants de la compagnie fuir la chemise arrachée. Il a demandé des peines de 2 à 4 mois de prison avec sursis pour les cinq salariés poursuivis pour violence en réunion (tous membres de la CGT, dont un délégué syndical, et licenciés depuis), et 1000 euros d’amende pour les onze autres poursuivis pour dégradations en réunion (ils avaient fait l’objet de mesures disciplinaires, avec des suspensions sans solde de 15 jours). Le procureur, qui a insisté autant sur les témoignages recueillis que sur les vidéos, en a profité pour dénoncer une instrumentalisation de la part des syndicats qui avaient monté l’opération avant d’être dépassés par « l’effet de meute », tout en opposant « les voyous » et les « gros bras hypertrophiés » à ceux qui ont réagi et essayé de protéger les deux dirigeants. Et s’il a reconnu la tension créée dans l’entreprise par l’annonce de prochains licenciements, l'humiliation de cadres « n'a jamais créé d'emploi, ni engendré de chiffre d'affaires ». Les avocats d’Air France ont de leur côté insisté sur l’humiliation des deux cadres, dénonçant une « horde sauvage » formée de « petits voyous qui nient les faits les plus évidents ». Le « préjudice d’image » subi par Xavier Brosetta et Pierre Plissonier est à ajouter à celui « durable » de la compagnie, qui demande un euro symbolique au titre des dommages et intérêts. La défense a sans surprise affirmé que les vidéos des incidents ne prouvent rien, un des avocats expliquant qu’il y a « autant d'interprétations que de personnes qui les ont vues », tandis qu’une autre affirme que « ce n'est plus un doute, c'est un gouffre, un vide abyssal ». Elle demande la relaxe de tous les prévenus, et en cas de condamnation des onze magasiniers poursuivis pour déclaration, qu’elle ne soit pas inscrite au casier judiciaire : ils perdraient en effet le badge qui leur permet de travailler sous douane, et donc leur emploi « ce qu’Air France ne cherche pas ». Le jugement sera rendu le 30 novembre à 10 heures.