L’enquête criminelle sur le vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines, abattu au-dessus de l’Ukraine en 2014, a conclu que le véhicule transportant le missile BUK tiré contre le Boeing 777-200ER était venu de Russie avant d’être utilisé depuis une zone contrôlée par les rebelles. Le parquet néerlandais a annoncé le 28 septembre 2016 que l’enquête pénale internationale qu’il coordonne avec des enquêteurs venus de Belgique, d'Australie, de Malaisie et d'Ukraine, a confirmé que le missile avait été tiré depuis un territoire alors contrôlé par les séparatistes prorusses, après avoir été acheminé depuis la Russie. Et le système BUK avait été acheminé depuis la Russie, le parquet soulignant toutefois qu’il n’accuse pas Moscou d’avoir fourni ce système aux rebelles : après son arrivée dans l'est de l'Ukraine dans la nuit précédant le tir, il a été chargé sur « un camion Volvo blanc avec une semi-remorque à plateau », escorté par « plusieurs autres véhicules et par des hommes armés en uniforme ». Parmi les « preuves irréfutables » présentées par le parquet, une photo montrant une colonne de fumée créée par le missile depuis un champ « près de Pervomaïski qui, à l'époque, était contrôlé par les combattants prorusses ». Après le tir du missile BUK « de série 9M38 », le système « a été réacheminé en Russie », a affirmé l’un des enquêteurs, Wilbert Paulissen. Le parquet a fondé ses conclusions sur l’étude de photos, de vidéos, de témoignages et de « données de télécommunications et conversations téléphoniques ». Une centaine de personnes ayant « joué un rôle actif » dans la destruction du vol MH17 ont également été identifiées, le parquet lançant un appel à témoin portant en particulier sur deux d’entre elles dont les conversations téléphoniques mentionnent « un convoi » traversant Sabvika ; mais là aussi, le parquet précise « ne pas avoir de preuves que ces appels sont directement liés » au crash, le coordinateur de l'enquête Fred Westerbeke ajoutant qu’aucune des cent personnes n’est considérée « automatiquement comme suspecte ». Pas vraiment de surprise donc sur les conclusions révélées hier, ni dans les réactions de la Russie qui parle d’une enquête « biaisée et politiquement motivée » ou de l’Ukraine qui y voit une preuve de « l’implication directe » de Moscou. La Russie a toujours nié avoir fourni le système BUK, parlant au contraire d’un tir par les forces ukrainiennes. Le porte-parole du ministère de la défense russe, le général Igor Konachenkov, a affirmé hier que toutes les données qui ont été présentées proviennent « de deux sources principales : internet et les services de renseignement ukrainiens. Par conséquent, l'objectivité de l'information et la base de leurs conclusions ne peut que soulever des doutes ». Kiev en revanche s’est félicitée de conclusions démontrant formellement « l'implication directe de l'Etat-agresseur ». Le crash du 17 juillet 2014 lors d’un vol entre Amsterdam-Schiphol et l’aéroport de Kuala Lumpur avait entrainé la mort des 298 personnes à bord, en majorité des Néerlandais. L’enquête de l’OVV (Bureau néerlandais pour la sécurité, équivalent du BEA) avait conclu en octobre dernier que le vol MH17 s’est écrasé « à la suite de la détonation d'une ogive à l'extérieur de l'avion au-dessus et à gauche du cockpit ». La partie avant de l'appareil a été perforée par des centaines d'objets à haute énergie, détaille le rapport, et les trois membres d'équipage se trouvant dans le cockpit « ont été tués immédiatement », l'avion se disloquant dans les airs. « Aucun autre scénario que l’impact d’un missile sol-air » ne peut expliquer les faits, et les fragments retrouvés dans l’avion (et dans le corps de certaines victimes) comme au sol démontrent qu’il s’agissait d’un système BUK. Le directeur de l'OVV Tjibbe Joustra avait alors précisé que ses enquêteurs avaient délimité une zone de 320 km² d’où le missile aurait pu être tiré, le rapport ne disant pas qui des rebelles ou des forces gouvernementales ukrainiennes en contrôlaient les différentes parties ; mais il a plus tard déclaré qu’il s’agit d’une région « où les frontières fluctuent beaucoup mais c'est un territoire où les rebelles prorusses font la loi ». [embed]https://www.youtube.com/watch?v=Sf6gJ8NDhYA[/embed]