La compagnie aérienne Air France doit lutter contre une vague montante d’incidents liés à l’islamisme radical de certains de ses employés, allant de simples tags à des tentatives de sabotage. Si le problème de la radicalisation n’est pas nouveau au sein de la compagnie nationale française ou dans sa base à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle, Le Canard Enchainé a publié le 5 octobre 2016 des informations pour le moins inquiétantes. Citant un fonctionnaire du renseignement, l’hebdomadaire raconte que plusieurs « anomalies » ont été constatées avant le départ de vols commerciaux, et « s'apparentent à des tentatives de sabotage » : en particulier une panne récurrente sur des « moteurs relais », qui permettent au pilote de contrôler le réacteur depuis le cockpit, a été repérée lors de la check-list. Les services de renseignements sont rapidement remontés jusqu'à un suspect, un Français converti employé d'Air France qui « a pris la poudre d'escampette dès qu'il s'est senti surveillé » et serait au Yémen, tandis que sa femme continuerait de diriger une école coranique près d’Orly. Deux de ses amis également employés par Air France étaient soupçonnés d’avoir trafiqué en atelier de maintenance des toboggans d'évacuation, qui n'ont jamais été installés ; ils ont été mutés, même si aucune preuve n’a été trouvée. Un agent de piste aurait d’autre part refusé en aout de guider un avion qui venait d'atterrir car le commandant de bord était une femme. La compagnie aérienne a également porté plainte selon Le Canard Enchainé pour des inscriptions « Allah Akbar » taguées sur des trappes de remplissage de kérosène, repérées sur une quarantaine d'avions. Parmi les autres incidents moins graves, on trouve une « attaque informatique » dont a été victime Air France à Noël, les annonces de sécurité sur un vol entre Paris et Amsterdam ayant été programmées pour être prononcées en arabe (en interne les soupçons portent sur une personne chargée du nettoyage), la disparition d’Israël sur les cartes du système de divertissement, ou le remplacement du Maroc par la mention « Khalifa » (l'enquête a remonté jusqu'à un employé d'une société prestataire en charge de la programmation des écrans) ; à chaque fois, Air France avait parlé de bug informatique. Le fonctionnaire précise qu’une « dizaine de personnes sont sous surveillance » dans le groupe, parmi les milliers d'agents et de sous-traitants travaillant sur les aéroports français qui sont dans le viseur des services de renseignement. Il ajoute que certains salariés, musulmans salafistes et comptant dans leurs familles plusieurs radicaux, ont d'ores et déjà été licenciés ou « déplacés à des postes peu exposés ». La direction d'Air France assure travailler en étroite collaboration avec les autorités, et promet que le personnel et les clients « sont en sécurité absolue ». A l’aéroport de Roissy, la préfecture a retiré ces derniers mois 73 badges d’accès pour des motifs de sécurité, sur les 86.000 badges passés au crible depuis l’année dernière.