L’Association du transport aérien international (IATA) prévoit que le nombre de passagers va doubler d’ici 20 ans, tout en soulignant que le protectionnisme pourrait nuire aux perspectives de croissance. L’IATA estime que 7,2 milliards de passagers voyageront en avion en 2035, soit près du double des 3,8 milliards de voyageurs aériens enregistrés sur des vols internationaux en 2016 (*). Cette prévision s’appuie sur un taux de croissance annuel moyen de 3,7% (TCAC) mentionné dans la dernière mise à jour de son document sur les prévisions sur les voyageurs aériens pour les 20 prochaines années. « Les gens veulent prendre l’avion. La demande de voyages aériens au cours des deux prochaines décennies devrait doubler. Permettre aux gens et aux nations de commercer, d’explorer et de partager les innovations et la prospérité économique rend notre monde meilleur », a déclaré dans un communiqué le nouveau PDG de l’association, Alexandre de Juniac. Déplacement vers l’est, orientation vers les marchés en développement La prévision concernant la croissance du nombre de passagers confirme que le plus important facteur de la demande sera la région Asie-Pacifique. L’IATA s’attend à ce qu’elle soit « la source de plus de la moitié des nouveaux passagers au cours des 20 prochaines années ». Vers l’année 2029, la Chine remplacera les États-Unis comme plus grand marché de l’aviation au monde (défini selon le trafic entrant et sortant et le trafic intérieur). L’Inde remplacera le Royaume-Uni au troisième rang, tandis que l’Indonésie entrera dans la liste des dix premiers en 5e place), aux dépens de l’Italie (10e). La croissance sera aussi dirigée vers les marchés en développements. Au cours de la dernière décennie, la proportion du trafic total de passagers détenue par le monde en développement est passée de 24% à près de 40%, et cette tendance devrait se maintenir. L’Espagne devrait être le sixième marché au monde en 2035, devant le Japon, l’Allemagne, la France et le Brésil. Risques, défis et possibilités La prévision sur 20 ans présente trois scénarios. Le scénario central prévoit que le nombre de passagers doublera, selon un TCAC de 3,7%. Si la libéralisation du commerce gagne en vitesse, la demande pourrait tripler par rapport au niveau de 2015. À l’inverse, « si la tendance protectionniste actuelle gagnait en force », la demande pourrait ralentir en conséquence et le TCAC s’établirait à 2,5%, de sorte que le nombre de passagers serait de 5,8 milliards en 2035. « La croissance économique est la seule solution durable aux difficultés économiques actuelles. Pourtant, nous voyons les gouvernements créer des obstacles au commerce plutôt que de le faciliter. Si cela se prolonge à long terme, la croissance sera plus lente et le monde en sera plus pauvre », souligne Alexandre de Juniac. « Pour l’aviation, le scénario protectionniste réduirait la croissance annuelle à seulement 2,5%. Non seulement cela diminuera le nombre d’emplois en aviation (…), mais l’impact économique qui s’ensuivra aura une grande portée et sera durement ressenti », ajoute-t-il. Pour l’IATA, peu importe le scénario qui s’avérera, la croissance accentuera la pression sur des infrastructures qui peinent déjà à répondre à la demande. Les pistes, les aérogares, les systèmes de sécurité et de traitement des bagages, le contrôle du trafic aérien « et une foule d’autres éléments » doivent selon le PDG être améliorés en vue de l’arrivée de ces nouveaux voyageurs : « L’industrie ne peut y arriver à elle seule. La planification des changements exige que les gouvernements, les communautés et l’industrie travaillent en partenariat ». L’industrie devra aussi pouvoir croître de façon durable. Plus tôt ce mois-ci, les compagnies aériennes ont appuyé la mise en place du Régime de compensation et de réduction de carbone pour l’aviation internationale (CORSIA). Cette entente historique – la première mesure adoptée par les gouvernements pour gérer à l’échelle mondiale la croissance des émissions d’une industrie tout entière – vise à plafonner les émissions nettes grâce à une croissance neutre en carbone à compter de 2020. « L’aviation est à l’avant-garde des industries dans la gestion de son empreinte carbone. En plus de compenser les émissions au moyen du CORSIA, les compagnies aériennes travaillent en partenariat avec l’industrie et les gouvernements pour améliorer les technologies, les opérations et l’efficacité des infrastructures », souligne M. de Juniac. air-journal_aeroport Pekin Daxing T1a@ZHAMarchés en rapide croissance Les cinq marchés dont la croissance sera la plus rapide quant au nombre de passagers additionnels par année durant la période de prévision seront : la Chine (817 millions de passagers de plus, pour un total de 1,3 milliard); les États-Unis (484 millions de passagers de plus, pour un total de 1,1 milliard); l’Inde (322 millions de passagers de plus, pour un total de 442 millions); l’Indonésie (135 millions de passagers de plus, pour un total de 242 millions); et le Vietnam (112 millions de passagers de plus, pour un total de 150 millions). Sept des dix marchés qui auront les taux de croissance les plus rapides en pourcentage seront en Afrique. Les dix premiers sont : la Sierra Leone, la Guinée, la République centrafricaine, le Bénin, le Mali, le Rwanda, le Togo, l’Ouganda, la Zambie et Madagascar. Dans chacun de ces marchés, on s’attend à ce que la croissance annuelle moyenne soit de plus de 8 % au cours des vingt prochaines années, doublant chaque décennie. Croissance régionale Les routes à destination, en provenance et à l’intérieur de l’Asie-Pacifique auront 1,8 milliard de passagers de plus d’ici 2035, pour un total de 3,1 milliards. Son taux de croissance annuel moyen de 4,7% sera le deuxième plus élevé, après le Moyen-Orient. La région de l’Amérique du Nord aura une croissance annuelle de 2,8% et en 2035, le nombre annuel de passagers s’élèvera à 1,3 milliard, soit 536 millions de passagers de plus. L’Europe aura le taux de croissance le plus faible, soit 2,5%, mais le nombre de passagers par année augmentera néanmoins de 570 millions. Au total, le marché comptera 1,5 milliard de passagers. Les marchés d’Amérique latine auront une croissance annuelle de 3,8 %, et le nombre total de passagers par année atteindra 658 millions, soit 345 millions de plus qu’aujourd’hui. Le Moyen-Orient connaîtra une forte croissance (5,0%) et le nombre annuel de passagers à destination, en provenance et à l’intérieur de la région augmentera de 258 millions d’ici 2035. Les Émirats arabes unis, le Qatar et l’Arabie saoudite auront de forts taux de croissance de 6,3%, 4,7% et 4,1%, respectivement. Au total, le nombre de voyageurs de ce marché atteindra 414 millions. Enfin l’Afrique aura une croissance de 5,1%. D’ici 2035, le nombre de passagers par année sera supérieur de 192 millions, pour un marché total de 303 millions de passagers. (*) en tenant compte des vols domestiques, les passagers sont déjà à plus de 7 milliards en 2015, selon le Conseil international des aéroports.