Le syndicat d’hôtesses de l’air et de stewards SNPNC de la compagnie aérienne Air France est revenu en détail sur la nouvelle filiale long-courrier à bas tarifs que doit lancer le groupe dans le cadre de son nouveau plan stratégique Trust Together. Avec une conclusion : elle n’a pour but que de contourner les PNC de la compagnie nationale et leurs représentants. Intitulé « Projet Boost : PNC Oust », le long communiqué diffusé le 7 novembre 2016 par le SNPNC reprend par le détail les déclarations du PDG du groupe Air France-KLM Jean-Marc Janaillac après la présentation la semaine dernière de Trust Together, en même temps que des résultats trimestriels moins mauvais que prévu. Le PDG veut créer une nouvelle compagnie long-courrier complémentaire d’Air France, qui ne sera pas une low cost mais une compagnie long-courrier avec des coûts inférieurs à ceux de la compagnie nationale, rappelle le syndicat. « S’agissant des composantes de son personnel, M. Janaillac a d’ores et déjà garanti que la nouvelle structure serait confiée à des pilotes d’AF détachés pour l’occasion. Traduction : restant sous contrat AF. S’agissant du personnel au sol, et même si la Direction s’est montrée peu loquace sur le sujet, l’assistance et la maintenance devraient être assurées par AF. Quant aux PNC, ils seront, eux, recrutés au moyen d’une filière spécifique et aux coûts du marché, coût du marché autoproclamé par nos financiers, ces PNC n’appartenant plus à Air France. S’agissant du produit et des tarifs, ils demeureront équivalents à ce nous faisons ». Ainsi donc, explique le SNPNC, « là où nous attendions un Projet de croissance ambitieux pour l’avenir d’AF et du Groupe, Trust Together n’accouche que d’un Plan de réduction des coûts ne touchant que le seul PNC. L’ambition affichée de réduction des coûts est vertigineuse puisque le principal objectif du PDG serait de faire concurrence aux compagnies du Golfe en contribuant à réduire l’écart de coûts évalué à environ 35%. Cet écart intègre bien évidemment le niveau des charges sociales en France. L’effort serait supporté  par les seuls  PNC de la nouvelle entité… Qui peut croire que l’Entreprise va s’arrêter à 800 PNC sous-traités et bradés pour reconquérir le monde ? » air-journal_Air France BEST Affaires cuisine PNCLe syndicat déclare ne pas s’y tromper : « le divin enfant Boost (nom du projet de la nouvelle compagnie), n’est né que pour contourner les PNC d’Air France et leurs organisations syndicales représentatives, qui depuis des années, luttent pour maintenir un Accord PNC et un Comité d’établissement PN. Avec cette entité créée ex nihilo, il n’y aura plus aucune barrière : les lignes sont transférées sans négociation, sans les Représentants du personnel AF et par conséquent sans les conditions de travail et de rémunération AF. Boost ne sera rien d’autre qu’une low cost sociale (entendez bas salaires pour les PNC) et  un laboratoire d’expérimentations des compo PEQ, des services et de la densité des plannings, avant d’imposer tout ceci aux PNC de la maison mère AF ». Le syndicat voit dans le projet un moyen de « siphonner l’AF historique » : il considère Boost comme un laboratoire, « et nous, PNC d’AF, aurions tort de souffler en pensant que le boulet est passé à côté. Tout d’abord un certain nombre d’escales vont être dévolues à Boost. Bangkok serait par exemple sur la liste des lignes transférées. Ensuite, parce que bien que M. Janaillac ait tenu à préciser, dans un bel élan de rhétorique, que la montée en puissance de cette Compagnie se fera sans atteinte à l’emploi des hôtesses et stewards d’Air France, cette décision sonne le glas du PNC d’AF. Les embauches de PNC à AF, c’est fini – ou alors façon Boost, on ne remplacera pas les départs naturels ou autres, et à coup de transfert de 10 % d’activité par an, dans une dizaine d’années, plus de PNC… » Dumping social interne Selon le SNPNC, la concurrence la plus féroce pour notre population va être celle d’AF Boost. « Elle sera interne, inégale et déloyale parce que le but est de faire disparaître le PNC AF pour le remplacer par son homologue, moins rémunéré, plus précaire et davantage corvéable. Enfin, le laboratoire Boost va servir à cumuler les gains productivité de Perform et autres « Déform » auxquels l’Intersyndicale PNC a toujours résisté. La méthode que la Direction avait initiée avec les Bases Province deviendra réalité, sans accord ni volontariat. A l’issue de notre éventuel prochain accord collectif, tout deviendra possible. Voilà pourquoi, sachant que l’Entreprise avait de mauvaises intentions, nous refusions cet été un accord d’une durée de 17 mois seulement ». air-journal_air france premium PNCQuant à la négociation de l’Accord PNC Air France dans ce contexte, « le PDG veut faire passer une fois de plus son PNC à la Caisse. Il souhaite qu’Air France négocie des efforts avec ses personnels navigants pour améliorer la productivité, notamment des lignes long-courriers. Notre PDG a juste oublié que les PNC  ont déjà accepté et accompli un colossal effort de 20% de productivité et subissent depuis 5 ans un gel des salaires ». Le SNPNC accuse aussi Air France de se servir « en sous-main, de syndicats PNC tels que l’UNPNC récemment créé par la CFDT qui s’oppose depuis des années au CE PN et fustige les accords PNC et PNT. Cette organisation syndicale PNC (qui a recueilli 2 % aux élections, très loin de la représentativité) voudrait aujourd’hui s’emparer des négociations de notre Accord Collectif en demandant à placer les négociations au niveau de l’Entreprise, voire du Groupe, c’est à dire hors périmètre PNC Air France. L’UNPNC a fait cette demande dans un tract, distribué alors que le CCE n’était pas terminé et qui donnait des informations sur le plan Trust Together qui n’ont même pas été présentées lors de ce CCE. Preuve que cette initiative est bien entendu motivée par la Direction d’AF elle-même, qui tient à profiter de la loi El Khomri, loi qui place les accords négociés au niveau du Groupe au-dessus des accords d’entreprise, du CE et donc de nos accords. On comprend mieux l’intérêt de nos dirigeants à mettre en avant un syndicat plus conciliant comme la CFDT. Inutile de vous dire ce que deviendrait notre Accord négocié par un syndicat sol pro direction… » En conclusion, le SNPNC rappelle que l’Intersyndicale PNC s’en tiendra à ses engagements, réaffirmés à l’occasion de la signature de l’Accord-cadre, durant les quatre mois de négociation à venir : reconduction de l’accord 2013-2016 sur une longue durée, et garantie de périmètre d’activité pour les PNC d’Air France.