Le syndicat UNAC d’hôtesses de l’air et de stewards de la compagnie aérienne Air France considère que le plan Trust Together dévoilé début novembre comprend beaucoup d’inconnues et d’incohérences, les PNC devant en être les grands perdants. Mais il ne profère aucune menace de grève. Dans un tract du 14 novembre 2016, l’UNAC estime que le nouveau plan stratégique du groupe Air France-KLM, « comme toutes les politiques de croissance de ces dernières années », n’est ni plus ni moins qu’un plan « visant à alléger la structure de coût de notre compagnie », et qui en plus remplit « le premier objectif du carnet de route » du PDG Jean-Marc Janaillac : « créer une pause sociale dans l’entreprise mère ». Outre la nomination d’un Directeur Général, Franck Terner, le syndicat rappelle la création d’une nouvelle entité destinée à contrer les offensives concurrentielles « sur nos lignes mixtes (Business et loisirs) déficitaires » (le projet Boost) : il s’agira de fait d’une Air France bis « dont l’offre sera similaire à ce que propose Air France aujourd’hui ». Selon l’UNAC, il n’échappera à personne que les échéances présidentielles toutes proches « ne sauraient souffrir de quelconques turbulences au sein de la première entreprise du bassin parisien en terme d’emplois » ; et il qualifie la solution envisagée de particulièrement intelligente, « car à défaut de pouvoir réformer en interne sans fracas, elle le fait en externe ». Le syndicat explique que Trust Together solde définitivement Transform 2015 pour l’ensemble des catégories de personnel, et en particulier pour les pilotes. Plus on ouvre des perspectives de croissance en heures de vol sous un nouveau pavillon Air France bis, « plus on rassure nos pilotes en terme d’emplois et de promotions, puisque ces heures de vol seront opérées par des pilotes sous contrat Air France historique », juge l’UNAC en ajoutant que « nos collègues syndicalistes PNT ont bien fait leur boulot et personne ne peut les en blâmer ». En ce qui concerne nos collègues du sol, « on peut imaginer que ce projet soit considéré comme une opportunité de maintien d’emploi », ajoute l’UNAC. Du coup, au prétexte de défier la concurrence la plus directe sur les lignes d’Air France, l’UNAC croit que ce projet permettra demain « de nous challenger entre nous, PNC AF bis et PNC AF historiques » - en bref de monter les PNC les uns contre les autres. Le syndicat prévoit déjà l’attrition du réseau AF historique au profit d’AF bis : « Adieu veaux, vaches, Cancun, Osaka, Bangkok, Séoul... ». En créant une entité similaire, opérant sur un même segment de marché et à coûts moindres, « notre premier concurrent sera notre nouvelle filiale » : l’emploi sera progressivement transféré vers la filiale plus compétitive, et les perspectives de carrière PNC avec. « La coupure sociale PNC n’est pas pour tout de suite dans l’entreprise », juge l’UNAC, mais elle s’imposera « demain sans coup férir ». Et si les PNC « ont monté un mur autour de leurs accords, la Direction vient de le contourner », poursuit le syndicat, évoquant « le début de la fin du métier de PNC tel que nous le connaissons ». Le vrai sujet de négociation sera selon l’UNAC moins le maintien des conditions d’emploi et de rémunération que celui de l’organisation de la filière groupe Air France « en terme de flux PNC entre HOP!, la low cost Transavia, AF bis et AF ». Il souligne par ailleurs que beaucoup « d’inconnues et d’incohérences » subsistent encore dans le projet, en particulier sur l’avenir des bases de province ou du court-courrier à Orly où HOP et Transavia sont vouées à se développer. Et se demande comment croire la direction d’Air France qui annonce dans le même temps « qu’elle compte stabiliser le volume de PNC et maintenir notre activité en propre (2 à 3% de croissance AF/AF bis) alors qu’elle va transférer 10% de l’activité LC et 20% de celle du CC/MC ». Les questions qu’il se pose concernent aussi les conséquences pour le CE Lignes « si demain on supprime l’apport de milliers d’emplois PNC dans son budget de fonctionnement », et le nom du ou des négociateurs sur les conditions de travail et de rémunération d’AF Bis. En conclusion, l’UNAC déclare qu’il va falloir « trouver des garanties de périmètre d’activité et de croissance partagée entre les deux Air France, si nous voulons que PNC reste un métier, mais aussi préserver les équilibres de notre CRPN ».