Six mois après le crash d’un avion de la compagnie aérienne EgyptAir entre Paris et Le Caire, qui avait fait 66 morts, les familles des victimes attendent toujours le retour des corps – et des explications sur les circonstances du drame. L’Airbus A320 de la compagnie nationale égyptienne assurant le vol MS804 le 19 mai 2016 avait disparu avec à son bord deux pilotes, cinq PNC et trois agents de sécurité, et parmi les passagers trente Egyptiens, quinze Français, deux Iraquiens, deux Canadiens et des ressortissants de Belgique, d’Algérie, de Grande-Bretagne, du Tchad, du Portugal, d’Arabie Saoudite et du Soudan. Fin juillet, date des dernières communications des autorités en charge de l’enquête, on savait grâce aux boîtes noires que le mot « feu » avait été prononcé dans le cockpit et qu’un dégagement de fumée avait été constaté dans les toilettes et sous le cockpit. Tous les corps ont été récupérés et identifiés. Mais depuis, le silence est total de la part des autorités égyptiennes. Vendredi 18 novembre, une manifestation des familles de victimes du crash a eu lieu devant l’ambassade d’Egypte à Paris, pour exiger le rapatriement des corps mais aussi des détails sur l’avancement de l’enquête. Interrogé par France Info, Zacharia – qui a perdu sa mère – ne comprend pas pourquoi il ne peut pas l'enterrer ; « on n’arrive pas à comprendre pourquoi la diplomatie française ne vient pas nous aider », ajoute le jeune homme. Lucie, qui a perdu son fiancé âgé de 28 ans, se sent « abandonnée et impuissante », tandis qu’Aude Heslouin ne peut « faire son deuil sans récupérer le corps » de son frère. Sophie explique sur Europe 1 avoir reçu un courriel aberrant d’EgyptAir demandant le passeport de son fils : « tous les passagers avaient évidemment leur passeport pour partir en Égypte », s'étonne-t-elle avant de regretter : « On fait peu de cas de la détresse des familles en deuil ». Stéphane Gicquel, secrétaire général de la Fédération de victimes d'attentats collectifs, évoque sur la même radio d'une « instrumentalisation » du crash de la part de l'Égypte. Les difficultés opposées aux familles par les autorités égyptiennes sont pour le moins étonnantes : après avoir suggéré que le vol MS804 avait été victime d’un attentat, elles avaient reconnu la thèse de l’incendie, confirmé par les données ACARS et l’examen préliminaire de l’enregistreur des voix du cockpit. La commission d'enquête égyptienne avait confirmé que l’appareil avait effectué un virage brutal à 90 degrés sur sa gauche, puis une vrille de 360 degrés à droite, avant d'entamer sa chute. Et le Parquet de Paris avait ouvert dès le mois de juin une information judiciaire pour homicides involontaires et non pour terrorisme. Immatriculé SU-GCC et livré neuf à Egyptair en novembre 2003, l’A320 avait à ses commandes le commandant de bord Mohamed Said Shoukair, ayant accumulé 6275 heures de vol dont 2101 sur A320, tandis que son copilote Mohamed Mamdouh Ahmed Assem avait 2766 heures de vol à son actif. La météo était bonne, et la compagnie assurait que les visites de maintenance n’avaient décelé aucun problème (alors que plusieurs avaries auraient été confirmées dans les 24 heures précédant le crash) ; aucune matière dangereuse ne figurait dans la liste du fret embarqué. Notons enfin que le BEA français (Bureau d’Enquêtes et d’Analyses) n’a pas communiqué sur le drame depuis le 16 juillet dernier ; ses derniers textes étaient tous basés sur les informations fournies par la commission d’enquête égyptienne. [caption id="attachment_160432" align="alignleft" width="620"]@Lentokonefani @Lentokonefani[/caption]