Le syndicat de pilotes Verinigung Cockpit (VC) de la compagnie aérienne Lufthansa a lancé hier soir un nouvel appel à la grève, mardi sur le court-courrier et mercredi sur l’ensemble du réseau. Après quatre jours de grève, 2755 vols annulés et plus de 345.000 passagers affectés, la compagnie aérienne allemande croyait à un retour à la normale après avoir fait de nouvelles propositions au syndicat représentant ses 5400 pilotes. Peine perdue : VC a annoncé le 26 novembre 2016 deux nouvelles journées d’arrêt de travail : la première demain touchera le réseau court-courrier au départ des aéroports allemands, tandis que la seconde mercredi affectera l’ensemble du réseau, lignes intercontinentales inclues. Le syndicat explique que les discussions menées dimanche « n’ont malheureusement pas abouti », et déplore « l’absence d’offre négociable » de la part de Lufthansa sur ses exigences salariales. Du côté de la direction, on déplore que VC refuse de continuer les négociations mais préfère une escalade du conflit et l’appel à de nouvelles grèves, au nom de revendications « bien au-delà de ce qu’on demandés les autres corps de métier » - ce qui est « inacceptable ». Lufthansa mettra à jour son programme de vol pour mardi en milieu de journée ; elle rappelle que les autres compagnies du groupe de Star Alliance ne sont pas affectée (les low cost Eurowings et Germanwings, Swiss, Austrian Airlines, Air Dolomiti et Brussels Airlines). La DRH de la compagnie allemande Bettina Volkens avait détaillé vendredi dans un communiqué les nouvelles propositions faites aux pilotes, estimant que les différences majeures entre les deux parties tenaient à des « questions sur l’avenir du groupe ». L’offre « globale » inclut une hausse de salaire « rendue possible par des économies dans d’autres secteurs », par exemple en « modernisant le système de retraites » : augmentation de 4,4% en deux temps (+2,4% en 2016 et +2% en 2017), avec rétroactivité à mai 2012 du nouvel accord d’entreprise pour six ans (jusqu’à mai 2018 donc). Les pilotes de Lufthansa, Germanwings et Lufthansa Cargo recevraient en outre un paiement unique équivalent à 1,8 mois de salaire ; ceux de la compagnie nationale verraient « l’objectif de moyenne des départs à la retraite » passer à 60 ans contre 59 aujourd’hui (c’est déjà le cas dans le fret et chez Germanwings), et les dispositions en cas d’incapacité à voler resteraient inchangées. Lufthansa a aussi proposé de créer d’ici 2021 des postes de pilotes pour 330 avions, dont 100 dans le long-courrier, dans les compagnies « couvertes par l’actuel accord collectif ». Ce qui équivaudra au recrutement de 1000 pilotes débutants, et à la création de jusqu’à 600 positions de comandant de bord. Mais la DRH insistait sur la « nécessité fondamentale » de moderniser les accords collectifs : les propositions de créations de postes ne peuvent être menées que dans des « conditions compétitives », en tenant compte des « conditions actuelles du marché ». Afin de continuer les efforts sur les coûts et augmenter la productivité, la nouvelle offre inclut en effet un niveau plus haut des heures de vol normales, ou un arrangement « plus flexible » sur les jours non travaillés. Et à l’instar des PNC ou du personnel au sol, le calcul des retraites passera du système de paiement garanti des bénéfices à celui de contribution garantie (5,2% du système). Enfin Lufthansa précise que les positions ouvertes (par exemple par des départs à la retraite ou des démissions) seraient « en général » remplies en interne dans chaque compagnie du groupe ; le passage d’une compagnie à une autre à l’intérieur du groupe devrait être possible « au moins une fois » dans la carrière des pilotes. La compagnie a proposé une nouvelle rencontre avec VC mardi ; rappelons que le syndicat exige une augmentation de 3,66% en moyenne par an, rétroactive à partir de 2012.