Le groupe Airbus a confirmé la suppression de jusqu’à 1164 postes en Europe, dont 640 en France. Les négociations avec les syndicats doivent durer jusqu’à l’été prochain, et l’on saura alors si le géant européen de l’aéronautique évitera l’annonce de licenciements secs pour la première fois de son histoire. Pas de surprise dans les annonces de l’Airbus Group le 29 novembre 2016 à Toulouse : le plan Gemini, qui doit lui permettre d’économiser 310 millions d’euros, entrainera la suppression de jusqu’à 1164 postes sur les 136.000 actuels dont 54.000 en France, principalement dans les fonctions administratives comme la finance, la communication ou les ressources humaines, mais aussi dans la recherche et développement (R&D). Les sites affectés dans l’hexagone sont ceux de Suresnes, dédié à la recherche et qui sera fermé en 2018 (150 employés transférés vers Toulouse, 308 départs) ; de Toulouse sans plus de détail ; et de Marignane où la branche Hélicoptères va déjà perdre 582 postes. L’Allemagne sera également touchée (429 postes perdus, en particulier à Ottobrunn), ainsi que le Royaume Uni (54) et l’Espagne (34). Airbus Group prévoit également de créer 230 postes en France, principalement dans la recherche et la digitalisation. Le groupe précise que ces suppressions de postes se feront via des départs volontaires, des redéploiements ou des départs anticipés à la retraite, visant la mi-2017 pour s’entendre sur des « mesures sociales appropriées », « en ligne avec les accords d’entreprise et les régulations » et après des consultations « complètes » avec les syndicats. Le DRH du groupe et d’Airbus Thierry Baril insiste : « une approche transparente et ouverte avec nos partenaires sociaux, facilitant la compréhension mutuelle et la découverte de solutions en commun, est un pilier fondamental de notre culture d’entreprise et un préalable à toute avancée », explique-t-il dans un communiqué. Et d’ajouter : « si nous agissions maintenant, l’avenir nous appartient. Cet intérêt commun est approuvé par toutes les parties prenantes, et devrait être une bonne rampe de lancement pour les négociations ». Pas de licenciement sec a priori donc, mais les réactions syndicales en France sont pour le moins mitigées : la CFE-CGC exigera de la Direction « un traitement social exemplaire », et n’acceptera rien d’autre d’un plan de départ volontaire (PDV).Elle se dit inquiète des conséquences « sur la santé des salariés déjà malmenés par 2 plans sociaux depuis 2013, visant ces mêmes fonctions », et du risque de sacrifier des intérêts de long terme (comme la recherche) « à des ambitions de court terme ». Le syndicat juge également « vital pour l’avenir du Groupe » le maintien en Ile de France d’un pôle Recherche Airbus. La CGT dénonce une entreprise « aux 1 000 milliards de commandes » qui obéit « à une logique toute financière et reste fidèle à son actionnariat en faisant fi des conséquences sociales », tandis que FO espère « une fois de plus réussir à obtenir une prise en compte sociale ». Rappelons que la fusion au 1er janvier 2017 entre Airbus Group et l’avionneur Airbus SAS, annoncée fin septembre, maintiendra les activités Hélicoptères et Défense & Espace comme divisions séparées. Les suppressions de postes sont en fait une élimination des doublons existants entre le groupe Airbus et sa filiale aviation commerciale, qui représente 80% de l'activité globale du géant européen : les deux disposent de services juridiques et de direction des finances, de deux directions des ressources humaines etc. Pour le CEO du groupe Tom Enders, la rationalisation des structures (« une étape logique et nécessaire de l’intégration débutée en 2012 », avec deux ans plus tard la disparition d’EADS) permettra d’améliorer « les performances et le travail d’équipe » au sein d’Airbus Group. Avec ces « structures plus agiles », le groupe sortira à terme « renforcé dans sa capacité à assurer sa compétitivité future, et à conserver sa place de leader mondial de l'industrie aérospatiale ». Et le dirigeant demande directement aux différents comités d'entreprise d'engager « un dialogue constructif sur différents domaines tels que la formation continue des personnels pendant toute leur carrière, la protection de l'emploi en interne et en externe, et le développement d’un personnel adapté à notre ère numérique ».