Le syndicat de pilotes SNPL Air France ALPA a sans surprise rejeté le projet de la compagnie aérienne Air France de lancer une nouvelle filiale long-courrier à bas coûts. Et il pose ses conditions pour les négociations qui s’engagent sur ce projet Boost, principale annonce du plan stratégique Trust Together. Dans une lettre ouverte aux salariés de la compagnie nationale française, dont La Tribune s’est procurée une copie le 1er décembre 2016, le président du SNPL AF Philippe Evain estime que le projet Boost « recèle de nombreux dangers pour les salariés, quels qu'ils soient, dès lors qu'il prévoit la découpe de l'entreprise en appartements ». Le syndicaliste se dit convaincu que « la division de l'entreprise hypothèque l'avenir, que laisser remettre en cause son intégrité globale serait une faute grave dont le prix nous sera présenté tôt ou tard ». Et d’ajouter que les résultats de Transavia, la filiale low cost d’Air France ou de celle de la rivale Lufthansa, Eurowings, sont « peu probants » et confortent sa conviction « que l'avenir passe par le renforcement d'Air France et non son morcellement » ; Lufthansa Cityline, qui ressemble le plus à Boost, n’est apparemment pas évoqué. Le président du syndicat de pilotes s’adresse également aux autres catégories de salariés, appelant à un front unique : « les semaines à venir seront capitales et nous devrons tous faire un choix : laisser notre compagnie se faire découper ou bien, sans renier le projet de Jean-Marc Janaillac de création d'une nouvelle marque commerciale, travailler à ce qu'il se concrétise en interne. C'est dans cette direction, à mon avis, que l'ensemble des organisations professionnelles devront diriger leurs forces ». Plusieurs syndicats d’hôtesses de l’air et stewards d’Air France se sont déjà prononcé contre Trust Together, dont l’UNAC (« Boost sera une Air France bis ») ou le SNPNC-FO (« les PNC seront recrutés au moyen d’une filière spécifique et aux coûts du marché, coût du marché autoproclamé par nos financiers, ces PNC n’appartenant plus à Air France »).  Ce même SNPNC et l’UNSA-PNC, réunis en Intersyndicale PNC chez Air France, parlaient dès l’annonce du projet de « nouvelle compagnie à coups bas ». aj_air france a340Quant aux négociations sur la future filiale long-courrier de la compagnie de l’alliance SkyTeam, elles commencent avec les conditions posées par le président du SPNL AF : Philippe Evain se dit prêt à démarrer « un cycle de négociations en vue de faciliter la naissance de ce projet », mais à condition que « l’intégrité de l'entreprise soit respectée, avec tout cela ce que cela implique pour les pilotes, les PNC et le personnel au sol ». Soit le maintien des contrats Air France, apparemment prévu et d’ailleurs dénoncé par les syndicats de PNC qui ne seront pas aussi choyés. Le bureau Air France du SNPL explique à La Tribune que ses membres sont « capables d'avoir des contrats Air France tout en ayant des conditions de travail différentes permettant de faire des économies » ; mais le site économique rappelle l’échec cuisant d’Air Charter qui avait testé le principe avant d’être liquidée à la fin des années 90… La Tribune raconte que les premières rencontres entre la direction d’Air France et le SNPL se sont mal passées, la lettre ouverte faisant « l’effet d’une bombe en interne ». L’opposition du syndicat de pilotes au projet Boost pourrait de fait l’enterrer, comme ce fut le cas pour Transavia Europe avec une grève de deux semaines en septembre 2014 qui avait coûté 425 millions d’euros à Air France. La low cost d’Air France-KLM avait fini par ouvrir une base à Munich uniquement avec des employés néerlandais.