La compagnie aérienne Lufthansa a critiqué vertement la nouvelle grille tarifaire de l’aéroport de Francfort, dont la hausse épargnera la low cost Ryanair. Elle vient pourtant d’y inaugurer deux routes vers Tromso en Norvège et Le Cap en Afrique du Sud, et y lancera u printemps cinq nouvelles destinations régionales dont Bordeaux. Le gestionnaire de l’aéroport de Francfort Fraport a reçu le feu vert du gouvernement régional pour modifier la structure de ses taxes, ce qui selon la compagnie nationale allemande reviendra à une hausse « déraisonnable » de 1,9%, les taxes atteignant selon elle « un nouveau record » alors même que les plateformes d’Amsterdam ou Londres baissent les leurs. Lufthansa précise dans son communiqué du 2 décembre 2016 que cette modification des règles avantage les nouvelles venues, qui bénéficient d’une baisse des taxes contre la simple promesse d’avoir « des plans de croissance significative » à Francfort : « cette règle représente une discrimination supplémentaire, l’affectant en particulier alors qu’elle a établit son quartier général » dans l’aéroport du Hesse. Et elle affirme « examiner toutes les options possibles » après cette décision. air-journal_ryanair_francfort-wideL’un des administrateurs de la compagnie de Star Alliance en charge des hubs, Harry Hofmeister, se déclare « très déçu par la décision du ministère d’accepter les requêtes de Fraport » qui la placent dans une « position désavantageuse » par rapport aux compagnies s’installant à Francfort et n’ont « aucun sens ». « Il ne peut être possible que deux compagnies opérant la même route puisses payer des taxes différentes » sur les atterrissages et les décollages, ajoute-t-il. Une référence claire à Ryanair, qui ouvrira une base dans l’aéroport le 29 mars 2017, avec initialement deux Boeing 737-800 stationnés sur place. Les quatre routes annoncées par la spécialiste irlandaise du vol pas cher, vers Alicante, Malaga, Palma de Majorque et Faro, sont en effet toutes en concurrence directe avec Lufthansa entre autres. Le mois dernier, le CEO de l’aéroport de Francfort Stefan Schulte se disait ravi d’accueillir la première base d’une low cost (TUIfly semble considérée comme une compagnie charter), qui selon lui « souligne l’importance accordée par Fraport aux services à bas coûts » ; un mois plus tôt, il avouait qu'il pourrait leur offrir « pendant une durée limitée » des avantages financiers pour les encourager à ouvrir de nouvelles liaisons ; l’aéroport n’accueille à ce jour que les low cost Air Arabia Maroc, Pegasus Airlines, Vueling et WOW Air (une route chacune). air-journal_Lufthansa-A320neo-FrancfortLufthansa rappelle qu’elle doit inaugurer l’année prochaine cinq nouvelles liaisons à Francfort, dont Bordeaux, Saint-Jacques de Compostelle, Shannon, Heringsdorf et Paderborn (dévoilée la semaine avec 6 rotations hebdomadaires à partir du 26 mars). Et réaffirme que même si elle assure dans l’aéroport « une haute et durable utilisation de ses capacités », elle n’y a pas accès aux conditions financières spéciales accordées aux nouvelles venues. Pire encore, elle ne bénéficie d’aucun traitement spécial en tant qu’opérateur majeur sur la plateforme (elle y représente environ les deux-tiers du trafic) « contrairement à ce qui se fait dans des conditions régulières du marché ». Cette hausse « incompréhensible va mettre en danger la croissance », conclut M. Hohmeister. La compagnie allemande a inauguré ces derniers jours deux routes au départ de Francfort : vers Le Cap d’abord, où elle opère trois vols par semaine en Airbus A340-300 pouvant accueillir 30 passagers en classe Affaires, 28 en Premium et 221 en Economie. Les départs sont programmés mercredi, vendredi et dimanche à 22h10 (arrivée le lendemain à 11h00), les vols retour quittant l’Afrique du Sud lundi, jeudi et samedi à 18h30 (arrivée le lendemain à 5h30). Elle est en concurrence avec Condor sur cette route, et bénéficie au Cap du partage de codes avec sa partenaire d’alliance South African Airways. Et depuis fin novembre, Lufthansa propose un vol saisonnier tous les samedis en A319 de 138 sièges entre Francfort et Tromso-Langnes en Norvège, avec départ à 9h35 (arrivée à 13h00) et retour de Laponie à 14h00 (arrivée à 17h25) – cette fois sans concurrence. Cette destination est celle la plus au nord de son réseau.