Les autorités boliviennes ont détenu un des propriétaires de la compagnie aérienne LaMia Bolivia, dont le crash d’un avion en panne sèche près de Medellin en Colombie a entrainé la mort de 71 des 77 personnes à bord. La contrôleuse aérienne qui avait laissé partir l’appareil s’est enfuie vers le Brésil, où elle a demandé l’asile politique. La compagnie est accusée de ne pas avoir réglé de nombreuses factures, un fils de général étant soupçonné d’avoir facilité ses autorisations de vol. Gustavo Vargas Gamboa, général de l’armée de l’air colombienne à la retraite et l’un des propriétaires de la compagnie charter affrétée par le club de football brésilienne Chapecoense, a été interpellé le 6 décembre 2016 dans le cadre de l’enquête sur le crash le 28 novembre de l’Avro RJ85 de LaMia. Lui et deux autres employés ont été entendus pendant plus de huit heures à Santa Cruz de la Sierra, d’où était parti le vol 2933, sans que l’on sache ce matin quelles suites judiciaires ont été données à ces détentions. La compagnie avait modifié son plan de vol à la dernière minute, supprimant l’escale de ravitaillement prévue apparemment suite au retard pris au départ de Sao Paulo. L’administration bolivienne des Aéroports et de la navigation aérienne AASANA avait annoncé dimanche avoir porté plainte contre une employée du contrôle aérien à l’aéroport de Santa Cruz, qui avait initialement refusé le plan de vol modifié avant de laisser partir l’avion. Faisant face à une peine de prison de quatre ans, Celia Castedo a traversé la frontière avec le Brésil et demandé l’asile politique, se disant persécutée par les autorités selon le Wall Street Journal. Lors de ses conversations avec Alex Quispe, dispatcher du vol de LaMia, elle avait initialement refusé le plan de vol modifié, d’une durée de quatre heures et demie soit l'autonomie du RJ85 ; mais elle avait finalement cédé devant les arguments du dispatcheur, et laissé partir le vol 2933. L’avion, mis en attente par l’aéroport de Medellin qui faisait face à une autre demande d’atterrissage en urgence, s’est écrasé sur le flanc d’une colline quelques minutes après que le pilote Miguel Quiroga a signalé son manque de carburant. Les autorités boliviennes ont demandé au Brésil de refuser la demande d’asile de Celia Castedo (qui lui a été accordé de façon temporaire mardi matin), l’accusant de chercher à « échapper à la justice ». Le syndicat des employés d’AASANA a affiché son soutien à la contrôleuse « accusée injustement », demandant aux enquêteurs de s’intéresser plutôt au régulateur de l’aviation civile DGAC. Selon le ministre de la défense de Bolivie Reymi Ferreira, LaMia a déjà laissé derrière elle une pile de factures impayées, particulièrement en 2014 quand elle avait confié ses trois RJ85 à l’armée de l’air pour maintenance. Il affirme que la compagnie n’avait payé que pour la moitié des travaux prévus, et récupéré un seul des trois avions. Devant son refus de payer les frais de hangar, le gouvernement avait saisi les deux appareils restants et détenu pendant cinq jours l’un de ses propriétaires, le pilote Miguel Quiroga justement mort dans l’accident de la semaine dernière. Le rôle du fils du général à la retraite Gustavo Vargas Gamboa est également étudié : dirigeant de l’office responsable des licences accordées aux avions, il est soupçonné d’avoir favorisé LaMia. Interrogé sur la possibilité d’une possible action de la FAA, qui pourrait abaisser le classement de l’aviation commerciale de Bolivie, le ministre de la défense a répondu selon le Latin America Herald Tribune : « il s’agit d’une erreur de deux ou trois personnes, qui a causé d’énormes dommages à l’aviation civile de Bolivie ; ce n’est pas le pays qui doit être blâmé ». Les neuf membres d’équipages du vol 2933 de LaMia étaient boliviens et les 68 passagers brésiliens ; parmi les six survivants du crash se trouvent trois joueurs de l’équipe de Chapecoense, une hôtesse de l’air,  un journaliste et un technicien de LaMia. Ce dernier, Erwin Tumiri (qui se décrit comme contractuel et non employé de la compagnie, et était assis à l’arrière), est sorti de l’hôpital mardi et revenu en Bolivie ; il a donné une nouvelle version des derniers instants du vol, expliquant sur les radios locales que « personne n’était au courant qu’il y avait un problème (…). Tout s’est passé très vite, l’avion a été secoué, les lumières se sont éteintes et ont été remplacées par l’éclairage de secours ». Il affirme en outre que le pilote « n’a jamais prévenu la cabine qu’il était à court de carburant et préparait un atterrissage d’urgence » ; c’est l’hôtesse de l’air Ximena Sanchez, elle aussi sortie vivante des débris de l’avion, qui l’aurait prévenu de la situation. Si les témoignages se multiplient, rappelons que seul l’examen des boîtes noires du RJ85, retrouvées en bon état, permettra de confirmer la thèse de la panne d’essence (une panne électrique avait aussi été signalée par le pilote) et la chronologie de l’accident. Un rapport préliminaire devrait être présenté par les enquêteurs dans une dizaine de jours.