La compagnie aérienne Air France a dénoncé hier les allégations d’espionnage par les Etats-Unis et la Grande Bretagne des appels passés par ses clients, rappelant qu’elle ne permet pas les conversations téléphoniques en vol. Son « divorce » avec Alitalia se rapproche, mais ne remettrait pas en cause leur coentreprise transatlantique avec Delta Air Lines. Les allégations de Wikileaks publiées le 7 décembre 2016 par Le Monde en partenariat avec le site The Intercept, concernant l’espionnage par la NSA américaine et le GCHQ britannique entre 2005 et 2013 des appels téléphoniques passés par les passagers de la compagnie nationale française, n’a pas manqué d’étonner cette dernière : dans un communiqué publié mercredi, elle « dénonce les affirmations erronées publiées dans un article du journal Le Monde », rappelant que « les communications vocales ne sont pas possible depuis ses vols ». En 2007, un système de communication GSM avait été testé par Air France « sur un avion moyen-courrier pour quelques semaines », mais ce premier test « n'ayant pas été concluant, le projet avait été définitivement abandonné ». Air France souligne en outre que le système de connectivité à bord prochainement déployé sur ses vols « ne permettra pas les communications vocales ». Et de rappeler que la sécurité des vols demeure sa principale priorité : en ligne avec les réglementations internationales de l'industrie, « les systèmes de connectivité à bord ne sont aucunement liés aux autres équipements de l'appareil ». Les documents d’Edward Snowden publiés par Le Monde indiquent que l’Agence Nationale de Sécurité américaine (NSA) aurait espionné les appels passé à bord des avions tricolores, notamment lors d’un vol entre Paris et l’aéroport de Varsovie en décembre 2007 justement. Son équivalent britannique le Quartier Général du Gouvernement pour les Communications (GCHQ) aurait de son côté confirmé l’existence de Southwinds, un programme de surveillance mondiale permettant de « collecter tout le trafic voix et data, métadonnées et contenu des connexions à bord des avions ». Toujours selon ces documents, la CIA aurait considéré les vols Air France comme des « cibles potentielles de terroristes », mais aussi ceux d’Aeromexico. Les deux services de renseignement ont assuré au Monde que leurs actions entraient toujours dans un « cadre politique et juridique » tout-à-fait légal. Le « retard technologique » pour lequel Air France est régulièrement critiquée aurait donc servi à la protection de la vie privée de ses passagers. Rappelons que la compagnie de l’alliance SkyTeam et sa compagnie-sœur ont testé le wifi il y a deux ans dans des Boeing 777 ; en ce qui concerne Air France, le 787-9 Dreamliner qui vient de lui être livré est le premier appareil équipé en série de cette connectivité. air-journal_Alitalia A319 new volSur le continent, la volonté annoncée en mai 2015 par Alitalia de mettre fin le mois prochain à sa coentreprise avec Air France-KLM, jugée désavantageuse maintenant qu’elle peut se restructurer avec Etihad Airways parmi ses actionnaires, se précise : l’accord ne sera pas renouvelé en 2017. Mais la portée de cette rupture reste sujette à des informations contradictoires, surtout en ce qui concerne la coentreprise transatlantique avec Delta Air Lines, approuvée par l’UE en mai 2015 et qui n’arrive à échéance qu’en 2022. Aucune annonce officielle n’a été faite par la compagnie nationale italienne, alors que le groupe franco-néerlandais affirme dans un communiqué publié par Les Echos : « Air France-KLM et Alitalia sont partenaires dans le cadre de la joint venture transatlantique et continueront de proposer des offres adaptées pour leurs clients communs ». Le journal estime que le groupe « semble en fait suspendu à l'annonce officielle d'Alitalia, qui devrait s'accompagner de l'annonce de nouvelles mesures d'économies, assorties de 2.000 suppressions de postes en Italie ». La rupture ne concernerait donc que les lignes européennes d’Alitalia et Air France-KLM, des discussions se poursuivant cependant d’après Les Echos entre les compagnies française et italienne pour mettre en œuvre une « solution de remplacement ».