Les deux enregistreurs de vol du Tupolev Tu-154 militaire russe qui s’est écrasé le jour de Noël, entrainant la mort des 92 personnes à bord, sont désormais aux mains des enquêteurs. Quinze corps et plus de 200 « fragments de corps des victimes » ont été repêchés à ce jour dans la Mer Noire. Une certaine confusion règne sur le type de boîte noire repêchée le 28 décembre 2016 au large de Sotchi, où le Tu-154 s’est écrasé peu après son décollage le 25 décembre 2016 : le ministère de la Défense russe annonçait hier avoir « repéré et récupéré le deuxième enregistreur de vol », les médias russes citant l'ingénieur de la commission d'enquête Dmitri Popov selon qui il s’agit du FDR (Flight Data Recorder), l’enregistreur des paramètres de vol. Ce FDR était censé être la première boîte noire récupérée mardi matin « dans un état satisfaisant » ; mais le site Life.ru citait les dernières paroles entendues du copilote, évoquant des problèmes de volets avant de dire « commandant, on est en train de tomber ». Cette information serait donc venue de l’enregistreur des voix du cockpit (CVR, Cockpit Voice Recorder), et non comme suggéré hier d’un échange avec le contrôle aérien. Révélée hier par l’agence Interfax qui citait une source proche de l’enquête, la thèse d’une panne des volets, qui n’auraient pas réagi de concert au moment du décollage et aurait entrainé la chute de l’avion, n’a pas été commentée par les autorités ; outre les paroles du copilote, Life.ru a indiqué qu’une alarme signalant un « angle d'attaque excessif » avait retenti dans le cockpit. L’avion a disparu des écrans radar deux minutes après son décollage. Quelque 3500 personnes travaillent toujours sur la zone de l’accident, à 1600 mètres au large de Sotchi. Quinze corps et plus de 200 « fragments de corps des victimes » avaient été repêchés mercredi soir, le travail d’identification prenant place à Moscou. Depuis le début de ces opérations de recherches, 12 gros morceaux de l’appareil et 1547 débris de petite taille ont été retrouvés selon le ministère de la Défense, provenant des moteurs et du fuselage. Aucune autre information officielle n’a été communiquée à ce jour par la commission d’enquête russe, sans doute parce qu’il s’agissait d’un transport militaire et non d’un vol commercial. Le Tu-154, qui transportait entre autres 62 membres des Chœurs de l’Armée Rouge et des journalistes, s’est écrasé peu après son départ de Sotchi, où il s’était ravitaillé en chemin vers la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié en Syrie. La piste de l’attentat est pour l’instant écartée par les autorités. La Russie a selon Interfax décidé de clouer au sol tous les Tu-154 en service en attendant les résultats de l’enquête. Ces appareils ne sont pratiquement plus utilisés que par les militaires ou le gouvernement. Il ne resterait que 49 Tu-154 en service dans le monde, seules deux compagnies aériennes l’utilisant encore pour des services réguliers ou charter : Air Koryo en Corée du Nord, et ALROSA Airlines en Russie. On retiendra par ailleurs que la Russie avait demandé le 23 décembre l’inspection de tous les Sukhoi SSJ100 Superjet en service, après la découverte de fissures au niveau des stabilisateurs sur des appareils d’Aeroflot et d’IrAero. L’avionneur russe affirme avoir constaté après ces inspections (menées dans le cadre de la maintenance quotidienne) que le problème n’est pas systématique, et de toute façon sans impact sur la sécurité des vols en raison de redondances. La low cost InterJet au Mexique a par exemple momentanément cloué au sol onze de ses 22 SSJ100, sans que l’on sache sur combien d’entre eux des fissures avait été décelées. Plus de 85 Superjet sont en service aujourd’hui.