La Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) a  jugé que l’Irlande devait récupérer la somme de 8 euros par passager auprès des compagnies aériennes bénéficiaires entre 2009 et 2011 d’une aide d’État illégale. La low cost Ryanair devra rembourser 12 millions d’euros et la compagnie nationale Aer Lingus 4 millions. En 2009, l’Irlande avait mis en place une nouvelle taxe passager au départ de l’aéroport de Dublin, au montant variable selon la distance : 2 euros pour les vols de moins de 300 km, et 10 euros pour les trajets plus longs. Dès juillet de cette même année, Ryanair avait demandé à la Commission européenne d’examiner si cette taxe ne constituait pas une aide d’État illégale en faveur de certains de ses concurrents : selon la low cost, ses concurrents (notamment Aer Arann) avaient tiré un avantage financier du fait qu’ils opéraient de nombreux vols vers des destinations situées à moins de 300 km de l’aéroport de Dublin. En juillet 2012, la Commission avait jugé que l’application d’un taux plus bas pour les vols de courte distance constituait « une aide d’État incompatible avec le marché intérieur ». Elle avait ordonné la récupération de cette aide auprès des bénéficiaires en précisant que le montant de l’aide correspondait à la différence entre le taux réduit de 2 euros et le taux standard de 10 euros, soit 8 euros (cette différence avait par ailleurs été annulée dès mars 2011, avec un montant identique pour tous de 3 euros). Ryanair et Aer Lingus avaient alors introduit des recours devant le Tribunal de l’Union européenne, qui avait partiellement annulé le premier jugement au motif que la Commission n’était pas « parvenue à démontrer que l’avantage dont avaient bénéficié les compagnies aériennes concernées s’élevait dans tous les cas à 8 euros par passager ». La Commission avait du coup introduit un pourvoi devant la Cour de justice, qui lui a donné raison le 21 décembre. Dans son arrêt, la CJUE constate que les compagnies aériennes qui ont pu profiter du taux réduit « ont bénéficié d’un avantage concurrentiel de 8 euros » par rapport aux compagnies qui ont payé le taux standard. Elle souligne que dans ce contexte, la récupération de l’aide implique la restitution de l’avantage que les compagnies aériennes ont pu tirer de l’application du taux réduit « et non la  restitution du bénéfice économique que ces sociétés ont pu éventuellement réaliser par l’exploitation de cet avantage ». En effet, l’avantage incriminé ne consistait pas dans le fait que ces compagnies aériennes ont pu offrir des prix plus compétitifs par rapport à leurs concurrents : il résultait selon la Cour « tout simplement du fait que ces sociétés ont dû s’acquitter d’un montant inférieur » à celui qu’elles auraient dû payer si leurs vols avaient été soumis au taux standard. Par ailleurs, la Cour relève dans son communiqué que « rien n’empêchait les bénéficiaires de l’aide d’augmenter le prix de leurs billets soumis au taux réduit de 8 euros » afin de réaliser des bénéfices économiques correspondant à la différence entre les taux réduit et standard. À cet égard, la Cour réfute l’argument d’Aer Lingus et de Ryanair selon lequel, puisqu’elles n’étaient pas effectivement en mesure de récupérer auprès de leurs propres clients le montant de 8 euros, leur obligation de restituer cette somme équivaudrait à l’imposition d’une charge financière additionnelle ou d’une sanction à caractère discriminatoire. Par conséquent, contrairement à ce que le Tribunal a décidé, la Cour considère que la Commission n’était pas tenue d’examiner si et dans quelle mesure les bénéficiaires de l’aide ont effectivement utilisé l’avantage économique résultant de l’application du taux réduit. Le Tribunal « a entaché son arrêt d’une erreur de droit » dans la mesure où il a reproché à la Commission d’avoir fixé le montant de l’aide à récupérer à 8 euros par passager. La CJUE a donc annulé la partie de l’arrêt du Tribunal entachée de cette erreur et rejeté « dans leur intégralité » les recours introduits par Aer Lingus et Ryanair contre la décision de la Commission. La Cour de justice rappelle qu’elle peut être saisie d'un pourvoi, limité aux questions de droit, contre un arrêt ou une ordonnance du Tribunal. En principe, le pourvoi n'a pas d'effet suspensif. S'il est recevable et fondé, la Cour annule la décision du Tribunal. Dans le cas où l'affaire est en état d'être jugée, la Cour peut trancher elle-même définitivement le litige. Dans le cas contraire, elle renvoie l'affaire au Tribunal, qui est lié par la décision rendue par la Cour dans le cadre du pourvoi.  Le cas va désormais retourner en Irlande, où les deux compagnies poursuivent leur action en justice devant la Haute Cour : Ryanair a précisé qu’elle (et d'autres) poursuivait le gouvernement pour récupérer « les 88 millions d’euros de dommages dont nous avons souffert en étant forcés de payer cette taxe illégale ».