Le syndicat CGT de la compagnie aérienne Air France a appelé hier les salariés opposés au décret du Président Donald Trump, bloquant l’entrée sur le territoire de ressortissants de sept pays majoritairement musulmans, à refuser de traiter les vols USA. Plus mesurée, l’IATA s’inquiète également des conséquences du décret. La CGT Air France explique dans un communiqué avoir « appris avec stupeur les mesures discriminantes et racistes » adoptées par le nouveau président américain, une « incitation à la haine indigne d'une nation fondée sur la diversité, alors même que le Québec est touché par un attentat terroriste contre des musulmans ». Le syndicat reproche en particulier à la compagnie nationale française d’avoir appliqué les règles du transport international, estimant qu’elle a « un devoir de soutien envers ses passagers, de toute confession et de toute nationalité, et doit exprimer clairement son refus de se plier à des mesures illégales ». Les quinze passagers qui ont été « interdits de vol » à destination des Etats-Unis l’ont été « sur l’établissement de listes faites par l’administration américaine et relayées par un policier américain établi à l’aéroport Charles de Gaulle », déclare la CGT, soulignant qu’ils étaient en règle administrativement et avaient payé leur billet et demandant « pourquoi appliquer le droit américain sur notre sol au détriment du droit de nos passagers beaucoup plus légitime ? ».  Air France aurait selon le syndicat assuré lundi lors de différentes sessions de Comités d’Etablissement n’avoir reçu aucune instruction de la part du Quai d’Orsay : « prévenir et informer au mieux nos passagers » des mesures prises par le gouvernement américain « est une chose », mais leur refuser l’accès « à bord de nos avions en est une autre que la CGT Air France et les salariés de l'entreprise ne peuvent pas tolérer ». S’adressant aux salariés à l’aéroport de Paris-CDG « ainsi qu’à tous le personnel navigant indignés par les consignes de l'entreprise qu'ils sont en droit de refuser », la CGT invite tous les salariés « qui sont heurtés par ces pratiques anti-humanistes à refuser de traiter les vols USA dans ces conditions ». Avant de conclure sans nuance : le décret signé par Donal Trump « est un peu l'étoile jaune version américaine, nous avons le devoir de refuser de collaborer afin d'éviter que l'histoire ne se répète ». Si la CGT fait semblant d’ignorer le sort réservé depuis vendredi dans les aéroports américains aux ressortissants d’Iran, d’Irak, du Yémen, de Somalie, du Soudan et de Libye (interdits pour 90 jours) ou Syriens (interdits pour une durée illimitée) qui arrivaient aux Etats-Unis, l’IATA s’est montrée plus diplomatique dans ses commentaires. Reconnaissant dans un communiqué le droit de chaque pays à sécuriser ses frontières, l’Association internationale du transport aérien s’inquiète de la confusion créée par le décret à la fois chez les compagnies aériennes et chez leurs passagers. En outre, la décision appliquée immédiatement a « imposé aux compagnies aériennes des charges supplémentaires afin de satisfaire à des exigences peu claires, supporter les coûts de mise en œuvre et faire face à des pénalités potentielles pour non-conformité ». Elle demande donc à l’administration américaine mais aussi à tous les autres gouvernements de clarifier la situation et de coordonner les modifications des conditions d’entrée aux USA, « afin que les voyageurs puissent les comprendre clairement et que les compagnies aériennes puissent les mettre en œuvre efficacement ».