Le gouvernement du Nigeria a repris le contrôle d’Arik Air, la plus grande compagnie aérienne du pays, en vue de prévenir ce qui pourrait être « une catastrophe majeure » dans le secteur de l'aviation du premier producteur de pétrole d’Afrique.

Au bord d’une faillite annoncée, l’Etat nigérian s’est résolu à sauver Arik Air en reprenant son contrôle via Asset Management Corporation of Nigeria ou Amcon, créé en 2010 pour résoudre la dette bancaire du pays. C’est donc Amcon qui va gérer la plus grande compagnie aérienne de l’Afrique de l’Ouest en nombre de passagers transportés, qui opère plus de la moitié de ses vols à l’intérieur du pays, mais qui vole aussi notamment vers Johannesburg, Londres et New York. Alors qu’elle a aujourd’hui 402 millions de dollars de prêts non remboursés, Arik Air avait fait part de son intention en octobre dernier d’entrer en bourse et de lever un milliard de dollars. Mais les investisseurs ont de toute apparence été frileux face aux dettes accumulées -des employés ne sont pas payés depuis plusieurs mois- qui s’ajoutent à une mauvaise conjoncture. D’après le ministre nigérian de l’aviation, la nouvelle gestion par Amcon va permettre de donner un nouveau souffle à Arik Air.

Les déboires d'Arik Air reflètent ceux de l'économie nigériane, qui est tombée dans le pire marasme économique depuis 25 ans. Le bas prix du pétrole, dont le gouvernement dépend pour la quasi-totalité de ses recettes, le laisse chroniquement à court de fonds. L'économie a également été en proie à une pénurie de dollars, suite aussi à la dépréciation de sa monnaie, le naira, ce qui prive de nombreuses entreprises de moyens d'importer les intrants nécessaires à leurs activités.

Incertitudes sur l'aéroport d'Abuja

Cette décision intervient alors que deux compagnies aériennes,  British Airways et Turkish Airlines, ont annoncé leur volonté de suspendre toute réservation vers Abuja, l'aéroport international Nnamdi Azikiwe d’Abuja, devant fermer le 8 mars pour travaux sur les pistes durant six semaines. Les vols intérieurs et internationaux seront détournés vers Kaduna, à 170 km au nord, sans doute trop loin pour ces deux compagnies.

Air France, Lufthansa et South African Airways ont quant à elles déjà annoncé qu'elles ne détourneraient pas leur vols depuis Paris, Francfort et Johannesburg, vers Kaduna ou ailleurs au Nigeria.