La compagnie aérienne Alitalia a vu jeudi ses chances de survie s’éloigner un peu plus, un de ses principaux actionnaires déclarant qu’il n’y a pas de Plan B pour la sauver. Le groupe Lufthansa a entre autres démenti tout intérêt, et le gouvernement a répété qu’il ne fournira pas d’aide directe. Après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité, la banque Intesa Sanpaolo, un des trois principaux actionnaires de la compagnie nationale italienne avec sa rivale Unicredit et surtout Etihad Airways (49% du capital), a déclaré le 27 avril 2017 qu’il n’existe pas de Plan B pour lui éviter la faillite. « Ce n’est pas à nous de trouver une solution, nous sommes une banque qui s’occupe de crédit, pas d’avions », a déclaré son CEO Carlo Messina. Le ministre de l’économie Pier Paolo Padoan avait affirmé plus tôt dans la journée que le gouvernement refusera de participer « directement ou indirectement » à une augmentation du capital, la compagnie devant être vendue « au plus offrant ». Il a toutefois demandé le feu vert aux autorités européennes pour accorder à Alitalia un prêt-relais de 400 millions d’euros lui permettant de survivre pendant les six mois prochains, qui seront passés sous « administration extraordinaire » avant une mort qui semble de plus en plus probable. Mais alors que des élections législatives sont prévues en début d’année prochaine, l'ancien président du Conseil Matteo Renzi (candidat aux primaires du Parti Démocrate) a promis de dévoiler un plan de sauvetage d’ici la mi-mai. Plusieurs sociétés présentées comme repreneurs potentiels ont démenti les rumeurs hier : le directeur financier de Lufthansa Ulrik Svensson a simplement déclaré « nous ne sommes pas intéressés par la reprise d’Alitalia », et Norwegian Air Shuttle a exprimé le même sentiment, tout comme le groupe ferroviaire Ferrovie dello Stato. Le président du Medef local Confindustria, Vincenzo Boccia, a de son côté souligné dans Il Sole 24 Oro : « nous sommes en période d'urgence, et il y a toujours quelqu'un qui pense qu'il sera possible de faire payer les autres. Mais nous devons faire des sacrifices et nous engager à bâtir l'avenir. Nous espérons que les choses finiront bien, mais il sera difficile de trouver un moyen ». On notera aussi la déclaration de Malaysia Airlines : elle se dit prête à louer jusqu’à huit avions long-courriers à partir de 2018, et peut-être neuf de plus l’année suivante (Alitalia opère 14 Airbus A330 et onze Boeing 777). Côté Conseil d’administration d’Alitalia, seul un court communiqué a été publié hier affirmant que la décision des salariés n’a « pas d’impact » sur le programme de vols actuel ou futur. Tous les services d’Alitalia sont assurés normalement, la vente de billets d’avion en ligne ou en agence continue et les membres du programme de fidélité MilleMiglia peuvent accumuler et utiliser des miles comme d’habitude, précisent les dirigeants. Selon certaines sources, la compagnie aérienne a « assez de liquidités pour deux ou trois semaines d’opérations ». Elle perdrait actuellement 500.000 euros par jour. L'approbation du projet d’accord, qui prévoyait un retour d’Alitalia à l’équilibre en 2019 contre 1700 suppressions de postes et des baisses de salaires, aurait permis de débloquer 2 milliards de recapitalisation dont plus de 900 millions de nouveaux financements. Pour le vice-président James Hogan, qui dirige également l’actionnaire Etihad Airways, « toutes les parties y perdront » : les salariés d'Alitalia, ses clients et ses actionnaires, « et finalement l'Italie aussi ». Le seul objectif du gouvernement sera dans les prochains mois de réduire au minimum « les coûts pour les citoyens italiens et les voyageurs ». Les syndicats qui avaient signé le projet d’accord, appellent la direction et le gouvernement à éviter des décisions qui seraient « traumatisantes et irréversibles ».