La session jeudi dernier du Comité Central d'Entreprise de la compagnie aérienne Air France s’est terminée sans consultation des élus, l’intersyndicale des hôtesses de l’air et stewards demandant un report de 15 jours faute d’informations. La future filiale d’Air France, qui reste connue sous le nom de Projet Boost, reste bloquée en tout cas du côté des employés. Il y a une semaine, les deux principaux syndicats de PNC, le SNPNC et l’UNSA-PNC, allaient en justice pour « déloyauté dans les négociations » (l’audience à Bobigny est fixée au 9 juin). Le CCE de vendredi a accouché d’un nouveau constat de blocage, l’intersyndicale demandant un report de la consultation des élus à un CCE extraordinaire dans 15 jours. Un communiqué vendredi dernier a détaillé les points de blocage mis en avant lors de la session de jeudi, à commencer par les informations « nécessaires à l’étude du projet » dont ne disposerait pas l’expert-comptable de l’intersyndicale, le Cabinet SECAFI ; ainsi, « seul un rapport intermédiaire a pu être établi pour l’instant », sans les éléments suivants : *le business model retenu pour la nouvelle compagnie Boost, *le détail du modèle opérationnel de la nouvelle compagnie, *les éléments permettant d’apprécier l’économie des lignes AF et KLM ouvertes, fermées ou dont le volume d’offre évolue significativement (ce qui est lié au projet Boost). Ces éléments sont « pourtant indispensables pour que nous puissions être parfaitement éclairés sur le projet », écrit l’intersyndicale. De plus et surtout, le projet qui est présenté ne paraît pas suffisamment élaboré à ce stade, puisque : *les négociations avec les pilotes sont toujours en cours, *plusieurs syndicats de PNC ont assigné la Direction afin notamment que le projet Boost soit suspendu « tant que des négociations n’auront pu être menées avec toutes les organisations syndicales représentatives pour les différentes catégories professionnelles de manière globale et loyale tant sur les conditions d’utilisation et de rémunération en interne que sur le principe (y compris des solutions alternatives) et les modalités de création de la filiale », *la dernière consultation que vous nous avez transmise (rédigée par le Professeur Antoine Lyon-Caen) au sujet de ce projet fait apparaître des risques juridiques importants, supposant une révision du projet (risque de qualification de marchandage). L’intersyndicale rappelle d’autres points de sa position sur le projet Boost, présentés « lors de notre session du 23 février dernier (motion votée à l’unanimité) », et en particulier : « afin de pouvoir exprimer un avis éclairé sur ce projet, nous estimons indispensable de disposer de l’avis des trois CHSCT (PNT, PNC et sol) (…). Or, nous avons été informés de votre refus de consulter le CE EA ainsi que le CHSCT PNC sur le projet Boost. Ce faisant, vous nous privez d’informations indispensables et de l’appui de nos collègues les plus impactés par le projet, et donc les plus susceptibles de nous aider à en comprendre les enjeux et vous nous privez donc de la possibilité d’exprimer un avis éclairé sur le projet » L’intersyndicale conclut en se déclarant « pas en mesure d’exprimer notre avis ce jour et nous vous demandons de reporter le point tant que nous n’avons pas de réponse à nos demandes ».  Rappelons que le CCE extraordinaire d’Air France début avril avait selon ces mêmes syndicats précisé un peu plus le Projet Boost : la future filiale à coûts réduits aurait déjà un réseau de 14 destinations sur le long-courrier et 12 sur le moyen-courrier « parmi les plus désidératées ». Elle doit inaugurer ses premiers vols à l’automne 2017 sur le moyen-courrier en monocouloirs Airbus, puis pendant la saison été 2018 sur le long-courrier (en A340-300 initialement, puis en A350-900 l’année suivante).