La compagnie aérienne Alitalia a officialisé sa mise sous « administration extraordinaire », l’actionnaire principal Etihad Airways renonce à des investissements supplémentaires, la nationalisation est exclue même si un prêt-relais est annoncé : on voit mal comment la compagnie nationale pourrait survivre après la fin de l’été. Le conseil d’administration d’Alitalia a annoncé le 2 mai 2017 la décision unanime de demander sa mise sous « administration extraordinaire », jugeant la situation économique et financière « sérieuse », notant « l’indisponibilité » des actionnaires pour la refinancer et l’impossibilité de trouver « une solution alternative en si peu de temps » après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité. Trois commissaires ont été nommés par le ministère de l’économie dans la foulée : Luigi Gubitosi (qui prendrait la tête de la compagnie en cas de succès), Enrico Laghi et Stefano Paleari vont diriger la compagnie pendant les six prochains mois, et décideront à la fin de l’été si elle doit être liquidée ou vendue totalement ou en partie. Un feu vert de la Commission européenne au gouvernement italien pour un prêt-relais de 600 millions d'euros est attendu, et Alitalia – qui perd 500.000 euros par jour – continue d’assurer que ces problèmes financiers n’auront pas d’impact sur le programme de vol, du moins pendant les 180 jours à venir. Le vice-président de la compagnie de l’alliance SkyTeam James Hogan, qui dirige également l’actionnaire Etihad Airways (49% du capital), a déclaré hier que son groupe soutenait la décision de mise sous tutelle, et n’était pas prêt à « continuer d’investir » après le résultat du référendum. Rappelons que l'approbation par les salariés du projet d’accord, qui prévoyait pour Alitalia un retour à l’équilibre en 2019 contre 1700 suppressions de postes et des baisses de salaires, aurait permis de débloquer 2 milliards de recapitalisation dont plus de 900 millions de nouveaux financements. « Nous avons fait tout notre possible pour soutenir Alitalia en tant qu’actionnaire minoritaire, mais il est clair que cette entreprise nécessite une restructuration fondamentale et de grande envergure pour survivre et grandir », a constaté James Hogan. « Nous sommes déçus du fait qu'en dépit des investissements significatifs d'Etihad, avec les autres actionnaires, dans Alitalia, la compagnie n'ait pas réussi à poursuivre son parcours », a-t-il expliqué, « nous avons fait tout ce que nous pouvions pour soutenir Alitalia en tant qu'actionnaire minoritaire, mais il est clair que la compagnie a besoin d'une restructuration en profondeur et sur une vaste échelle pour survivre et pouvoir croître à l'avenir ». Le ministre du Développement économique, Carlo Calenda, a exprimé le souhait qu’Alitalia soit vendue en bloc « au plus offrant » plutôt que d’être dépecée. On ne voit guère qui pourrait investir après l’échec d’Etihad Airways et des banques Intesa Sanpaolo et Unicredit ; les low cost représentent déjà 49% de parts de marché en Italie, des sociétés comme Lufthansa, Norwegian ou le groupe ferroviaire Ferrovie dello Stato ont déjà dit non, et il n’y aucune possibilité de fusion sur le marché intérieur comme ce fut le cas en 2009 lors de la précédente faillite de la compagnie nationale italienne.