Officiellement mise en vente depuis mercredi, la compagnie aérienne Alitalia aurait déjà attiré l’intérêt de deux investisseurs, dont un en Italie et l’autre en Chine. Placée sous « administration extraordinaire » depuis le 2 mai 2017 après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité et la décision des actionnaires dont Etihad Airways de ne pas remettre la main à la poche, la compagnie nationale italienne a publié mercredi son appel d’offres officiel – qui sera ouvert le 5 juin. La presse est depuis pleine de rumeurs, à commencer par celle portant sur un investisseur italien qui transformerait Alitalia en low cost moyen- et long-courrier. Le réseau serait revu de fond en comble, et il demanderait à l’Etat une reprise partielle de la dette. En Chine, c’est le Groupe HNA qui est mentionné depuis quelques jours, voire qualifié de favori suite à la visite du Premier ministre italien à Pékin en début de semaine. On rappellera que HNA, propriétaire d’une quinzaine de compagnies chinoises dont Hainan Airlines et actionnaire d’Aigle Azur en France (ainsi que d’Azul au Brésil, Comair en Afrique du Sud et Virgin Australia), a en outre déjà indiqué son intérêt pour TAP Portugal (dont Azul possède 40% du capital via le consortium Gateway – HNA étant également actionnaire de ce dernier). Le ministre des transports italiens Graziano Delrio a indiqué jeudi qu’il s’attendait à recevoir « plusieurs offres »  pour la reprise d’Alitalia ; les candidats peuvent proposer soit d’acheter l’intégralité de la compagnie, soit d’en reprendre des parties, ce qui devrait entrainer son démembrement et donc sa disparition – 60 ans après sa création. Le ministre de l’industrie Carlo Calenda a refusé de parler des offres « tant qu’elles n’ont pas été faites », rappelant qu’il s’agit d’une « saga douloureuse » surtout pour les contribuables italiens à qui Alitalia a coûté au fil des années « près de 8 milliards d’euros ». « Voyons ce qui se matérialisera le 5 juin », a-t-il déclaré sur Corriere TV. Rappelons que l'approbation par les salariés du projet d’accord, qui prévoyait pour Alitalia un retour à l’équilibre en 2019 contre 1700 suppressions de postes et des baisses de salaires, aurait permis de débloquer 2 milliards de recapitalisation dont plus de 900 millions de nouveaux financements. Des sociétés Lufthansa, Norwegian ou le groupe ferroviaire Ferrovie dello Stato ont déjà dit non, et il n’y aucune possibilité de fusion sur le marché intérieur comme ce fut le cas en 2009 lors de la précédente faillite de la compagnie nationale italienne. La compagnie de l’alliance SkyTeam a bénéficié d’un prêt-relais de 600 millions d’euros de la part du gouvernement, pour lui permettre de continuer ses activités jusqu’à la fin de l’été. L’inauguration en octobre prochain d’une nouvelle liaison vers les Maldives n’a toujours pas été annulée, pas plus que les routes estivales qui doivent voir le jour en juillet vers Dubrovnik ou Split. Avec plus de 12.000 employés et une flotte de 122 avions, elle dessert aujourd’hui 26 destinations intérieures et 68 aéroports internationaux avec 4200 vols par semaine, selon son site internet.