Le principal syndicat de pilotes SNPL France ALPA a maintenu hier son préavis de grève du 3 au 8 juillet chez la compagnie aérienne HOP! Air France. Dans la maison-mère, le président Jean-Marc Janaillac a déclaré que le projet Boost de filiale à coûts réduits de fera d'une manière ou d'une autre, même si l'accord proposé n’obtient pas la majorité lors de la consultation organisée par le SNPL depuis mardi. Dans son communiqué du 21 juin 2017, le Bureau SNPL HOP! justifie le maintien du préavis de grève de six jours par « l’absence de réelles avancées dans les discussions » à l’issue de plusieurs rencontres sous préavis, et « malgré les communications pléthoriques chiffrées de la direction ». Devant le « mépris affiché » par les dirigeants de HOP! « face au désarroi des pilotes », le syndicat a donc décidé de maintenir son préavis de grève pour les grands départs de juillet, mais « garde la porte ouverte à une sortie de crise concertée ». Le SNPL rappelle qu’il avait déposé ce préavis fin mai, après plusieurs mois de négociations stériles avec la direction en vue d’aboutir à la rédaction d’une Convention Collective unique pour les pilotes, mais aussi à la « recherche d’une meilleure gestion de leurs effectifs et à une rémunération véritablement en rapport avec les efforts de productivité réalisés ces dernières années ». La menace de grève devait « créer les conditions d’une meilleure écoute des dirigeants de la compagnie », ajoute le syndicat de pilotes ; mais malgré le déclenchement d’un processus dit de veille sociale par les organisations professionnelles, « force est de constater la difficulté de parvenir à renouer un dialogue constructif avec une direction qui ignore sciemment les alertes lancées par des salariés épuisés et inquiets, préférant communiquer sur ses impératifs économiques ». Une situation d’autant plus dommageable que le SNPL HOP! a « proposé des solutions concrètes pour améliorer à court terme les conditions de travail et rassurer les pilotes quant à leur avenir » - qui ont été « tout simplement ignorées » par la direction. A cela s’ajoutent les conclusions d’un rapport d’expertise externe commandé par le CHSCT, lequel note « la transformation d’une situation difficile conjoncturelle (pénurie de pilotes) et organisationnelle en un risque structurel sur la santé d’une frange de la population pilote que l’on retrouve en burn-out rampant ». Ces conclusions corroborent le ressenti du SNPL HOP!, qui observe depuis de nombreux mois les conséquences néfastes de ce sous-effectif pilote. Le syndicat ajoute que le « manque d’anticipation » des départs de pilotes ayant réussi la sélection Air France « et la mise en œuvre mal aboutie de la fusion des compagnies Airlinair, Brit Air et Regional au sein de HOP! » ont contribué à la désorganisation du travail. Le SNPL HOP! dénonce régulièrement une fusion réalisée à coûts constants sans prendre en compte ses conséquences en termes de flotte, d’organisation et de procédures, mais aussi un manque d’harmonisation entre les différents accords d’entreprise préexistants. « Soucieux de ne pas voir la fusion devenir un échec non seulement opérationnel mais aussi social », le Bureau SNPL HOP! en appelle à une prise de conscience des dirigeants de la compagnie – et maintient donc son préavis de grève du 3 au 8 juillet 2017. Le SNPL n’est pas seulement occupé par le sort des pilotes de la compagnie régionale : il a lancé jusqu’au 17 juillet une consultation des pilotes d’Air France, sur le plan stratégique Trust Together et plus particulièrement le projet Boost de compagnie aérienne à coûts réduits. Le courrier du président Jean-Marc Janaillac envoyé aux adhérents, publié hier par La Tribune, rappelle les conséquences de cette consultation : si les pilotes rejettent le projet d’accord en l’état, Air France « proposera une voie alternative » pour que Boost se mette en place, et il n’y aura de toute façon « pas de réouverture des négociations ». Il explique avoir voulu « attirer leur attention sur les enjeux qui s'y attachent, et souligner les conséquences du choix qu'auront à effectuer ceux d'entre eux qui y participeront », et souligne que les concessions acceptées jusque là « pour faire évoluer le contenu du projet d’accord dans le sens souhaité par les représentants ne doivent pas être pris pour de la faiblesse ». Boost se fera « d’une manière ou d’une autre », précise M. Janaillac, laissant planer la menace de création d’une filiale au niveau du groupe Air France-KLM qu’il dirige – et donc sans les pilotes Air France ni le SNPL. Rappelons que le syndicat a demandé à ses membres de choisir entre trois options : accepter les dernières propositions d’Air France, opter pour le contre-projet du SNPL (dont les seules différences porteraient sur les toilettes supprimées dans l’Airbus A350 et les compensations en cas de non-respect du rééquilibrage par rapport à KLM) – ou aucune des deux. Avec la promesse qu’il acceptera la réponse ayant recueilli le plus de voix, même si elle n’est pas majoritaire. Les pilotes AF s’étaient déjà prononcés en majorité en faveur d’un projet d’accord précédent, le Conseil du SNPL refusant alors de suivre sa base.