La compagnie aérienne low cost Ryanair est officiellement candidate à la reprise d’Alitalia, mais seulement si elle en est l’actionnaire majoritaire – et que sa restructuration est menée à bien, y compris en sortant de sa coentreprise avec Air France-KLM et Delta Air Lines. Alors qu’elle ne s’était jusque là déclarée intéressée par la compagnie nationale italienne qu’à un niveau de partenariat, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a précisé ses ambitions le 27 juin 2017. Lors d’une conférence de presse à Rome, le CEO Michael O’Leary a annoncé qu’en cas d’acquisition d’Alitalia, « nous serions intéressés par une participation majoritaire, pas minoritaire même si c’est à 49% ». Mais il faut aussi que la compagnie placée sous administration extraordinaire le 2 mai s’engage dans des « changements majeurs », auxquels le dirigeant conditionne son investissement : tout d’abord, « déchirer l’accord avec Air France » qui l’empêche de développer des vols long-courrier en particulier vers l’Amérique du nord, une référence à la coentreprise transatlantique réunissant la compagnie de l’alliance SkyTeam, Air France-KLM et Delta Air Lines. Alitalia avait annoncé dès mai 2015 sa volonté de mettre fin à sa coentreprise avec Air France-KLM, jugée désavantageuse depuis l’entrée d’Etihad Airways dans son capital ; mais la portée de cette rupture restait sujette à des informations contradictoires, surtout en ce qui concerne la coentreprise transatlantique avec Delta Air Lines, approuvée par l’UE en mai 2015 et qui n’arrive à échéance qu’en 2022. Les autres conditions posées par Ryanair sont selon Le Figaro la restructuration par les administrateurs du « coûteux accord » avec Aeroporti di Roma (ADR), qui gère les aéroports de Rome (Fiumicino et Campino). Mais aussi abaisser les « coûts faramineux » de location des avions, et mener des coupes massives dans les effectifs. « Les syndicats doivent faire face à la réalité », a déclaré Michael O’Leary, rappelant qu’Alitalia a transporté l’année dernière « 24 millions de clients avec 14.000 employés », tandis que Ryanair en transportait « 120 millions avec 12.000 employés ». Il a en revanche souligné dans le Irish Times n'être « pas forcément intéressé » par l’achat de créneaux de vols dans les aéroports italiens. Le mois dernier, le directeur commercial de Ryanair David O’Brien expliquait vouloir proposer à Alitalia la reprise de son réseau moyen-courrier et la vente de ses vols long-courrier sur le site de la low cost, via un accord de « transfert » avec les commissaires gérant désormais la compagnie italienne. Ryanair est de loin le premier acteur sur le marché italien, avec 36 millions de passagers transportés durant les douze derniers mois (à fin mars 2017). Placée sous « administration extraordinaire » depuis le 2 mai après le refus des salariés d’accepter un nouveau plan d’austérité et la décision des actionnaires de ne pas remettre la main à la poche, Alitalia n’assure son programme de vol estival que grâce à un prêt-relais de 600 millions d’euros accordé par le gouvernement. La presse italienne évalue à 18 le nombre de candidats à une reprise totale ou partielle qui ont reçu en début de semaine l’autorisation d’accéder à sa « data room » (les informations financières), parmi lesquels se trouveraient Ryanair justement, British Airways, Lufthansa, Delta Air Lines ou easyJet. Leurs propositions non contraignantes doivent être envoyées d’ici le 21 juillet au plus tard, le verdict étant attendu à la rentrée. En attendant, Alitalia continue de faire des annonces comme si son avenir était assuré. Après l’annonce d’une nouvelle liaison saisonnière entre Rome et Delhi, l’ouverture des Maldives confirmée pour le 31 octobre, et la prolongation pendant l’hiver de sa route vers Los Angeles, elle a confirmé pour l’hiver prochain le passage habituel de 7 à 10 vols par semaine vers Sao Paulo, une hausse de capacité abandonnée depuis deux ans selon Airlineroute. Rappelons qu’elle a aussi signé un accord de partage de codes avec Aerolineas Argentinas.