La compagnie aérienne low cost Ryanair sera fixée à l’automne sur sa candidature à la reprise d’Alitalia. En cas d’échec, elle cherchera tout de même à proposer des vols long-courriers depuis l’Italie sur son site internet, comme c’est déjà le cas avec Air Europa. Dans un long entretien accordé le 13 aout 2017 à The Independent, le directeur commercial de la spécialiste irlandaise du vol pas cher et revenu sur sa stratégie à long terme concernant le long-courrier. Pour Kenny Jacobs, le résultat idéal de la vente de la compagnie nationale italienne virtuellement en faillite serait « hybride » : une compagnie long-courrier reprendrait cette activité d'Alitalia, tandis que Ryanair récupèrerait la plupart de son activité moyen-courrier afin d’alimenter ces mêmes vols intercontinentaux au départ des aéroports de Rome et Milan par exemple. Ce qui entrerait « parfaitement » dans la stratégie de la low cost, qui compte bien vendre les vols long-courriers de compagnies « telles que British Airways, Aer Lingus, Lufthansa, Qantas ou la low cost Norwegian ». Le dirigeant pense « possible » une telle solution, qui verrait Ryanair « laisser de côté les mauvais actifs d’Alitalia, comme certains accords avec les syndicats sur les salaires ou les retraites » ; la compagnie, qui détient déjà 30% de parts de marché en Italie, veut en revanche « continuer à grandir sur ce marché, ce qui sera bon pour le tourisme et pour le consommateur italien ». M. Jacobs affirme qu’il serait « stupéfait » si Ryanair ne vendait pas les vols long-courriers des compagnies traditionnelles sur son propre site d’ici 2024, quand elle devrait transporter 200 millions de passagers par an (soit 21% du marché européen contre 15% aujourd’hui, rappelle le quotidien irlandais). L’avenir est selon lui un marché court- et moyen-courrier laissé aux low cost, le long-courrier restant entre les mains des acteurs d’aujourd’hui. Et il prend l’exemple d’Aer Lingus, sa rivale irlandaise, qui ne développe plus le moyen-courrier pour mieux se concentrer sur les vols transatlantiques. Ou celui de Lufthansa qui abandonne hors Francfort et Munich son réseau moyen-courrier à la filiale low cost Eurowings. Pour le dirigeant, « la fierté n’est pas une bonne raison pour empêcher que les compagnies traditionnelles fassent des économies et remplissent leurs avions pour moins cher, en vendant leurs vols sur le site de Ryanair ». Et il rappelle la situation aux USA – exactement la même que celle que Ryanair envisage pour l’Europe. En revanche, l’idée d’opérer des vols en dehors de l’Europe et des pays voisins reste totalement étrangère à Ryanair. Kenny Jacobs prédit pour conclure que si les prix du pétrole commence à remonter, le vieux continent se retrouvera avec seulement cinq acteurs majeurs : les groupes Air France-KLM, Lufthansa et IAG, la low cost easyJet et bien sur Ryanair, qui détiendraient alors 85% du marché contre 60% aujourd’hui.