Airbus et Bombardier ont annoncé la création d’un partenariat autour du programme CSeries, la prise de participation majoritaire de l’européen étant accompagnée par l’annonce du futur assemblage du monocouloir canadien aux Etats-Unis. De quoi reprendre la main dans la dispute avec commerciale avec Boeing. L’avionneur européen a surpris tout le monde le 16 octobre 2016 en annonçant l’acquisition de 50,01% des actions du CSALP (CSeries Aircraft Limited Partnership, qui assemble et vend la famille CSeries), aux côtés de Bombardier (31%) et d’Investment Québec (19%, contre 62% et 38% respectivement aujourd’hui). L'accord, qui ne prévoit aucune contribution en espèces, rassemble « la portée mondiale d'Airbus » avec la toute nouvelle famille d'avions à réaction de Bombardier, positionnant les deux partenaires pour « débloquer entièrement la valeur de la plateforme CSeries et créer une nouvelle valeur pour les clients, les fournisseurs, les employés et actionnaires ». Airbus apportera à CSALP ses compétences « en matière d’achats, de vente et de marketing et de soutien à la clientèle ». Le siège social et la chaîne de montage primaire de CSALP, ainsi que les fonctions connexes, demeureront à Mirabel ; l'empreinte industrielle mondiale d'Airbus augmentera avec la FAL québécoise et la production additionnelle de CSeries dans une deuxième ligne d’assemblage final à Mobile en Alabama, où sont déjà assemblés les monocouloirs de la famille A320. Ce renforcement du programme CSeries et la coopération mondiale « auront des effets positifs sur les activités aérospatiales québécoises et canadiennes », assure Airbus selon qui le marché du monocouloir est un moteur de croissance clé, représentant 70% de la demande mondiale future. Les CSeries, avions de 100 à 150 sièges, sont en outre « très complémentaires » du portefeuille d'avions monocouloir existant d'Airbus, qui se concentre sur l'extrémité supérieure de l'activité monocouloir (150-240 sièges) – et rappelle ne pas avoir vendu depuis 2012 d’A319, son plus petit avion proposé aujourd'hui. Les réseaux de vente, de marketing et de support « de classe mondiale » qu'Airbus apporte à l'entreprise devraient renforcer et accélérer la dynamique commerciale des CSeries. De plus, l'expertise d'Airbus en matière de chaîne d'approvisionnement devrait générer « d'importantes économies de coûts de production » pour les avions canadiens. Le géant européen se dit « fortement attaché au Canada et à son secteur de l'aérospatiale », les fournisseurs du pays élargissant leur accès à sa chaîne d'approvisionnement mondiale ; ce nouveau partenariat avec Bombardier « est destiné à sécuriser les emplois au Canada pendant de nombreuses années ». « C’est un accord gagnant-gagnant. La famille CSeries, avec son design à la pointe de la technologie et ses excellentes caractéristiques économiques, s'intègre parfaitement dans notre gamme de monocouloirs, et étend rapidement notre offre de produits dans un marché à croissance rapide. Je ne doute pas que notre partenariat avec Bombardier augmentera énormément les ventes et la valeur de ce programme », a déclaré Tom Enders, CEO d'Airbus. « Non seulement ce partenariat sécurisera la famille CSeries et ses activités industrielles au Canada, au Royaume-Uni et en Chine, mais nous créerons également de nouveaux emplois aux Etats-Unis », a-t-il souligné. « Nous sommes très heureux d'accueillir Airbus dans le programme CSeries », a déclaré de son côté Alain Bellemare, PDG de Bombardier Inc. « Airbus est le partenaire idéal pour nous, le Québec et le Canada. Leur envergure mondiale, leurs solides relations avec les clients et leur expertise opérationnelle sont des ingrédients clés pour libérer toute la valeur des CSeries. Ce partenariat devrait plus que doubler la valeur du programme, et assurer à notre remarquable avion la réalisation de tout son potentiel ». Pour Dominique Anglade, vice-premier ministre, ministre de l'Économie, des Sciences et de l'Innovation du Québec, l’arrivée d'Airbus en tant que partenaire stratégique « assurera la pérennité et la croissance du programme CSeries ainsi que la consolidation de l'ensemble du pôle aérospatial québécois. Dans le contexte actuel, le partenariat avec Airbus est pour nous la meilleure solution pour assurer le maintien et la création d'emplois dans ce secteur stratégique de l'économie québécoise ». Airbus aura la possibilité de racheter les parts de Bombardier dans CSALP dans 7 ans et demi, et celles d’Investiment Quebec en 2023. La manœuvre impliquant la création de nouveaux emplois en Alabama va compliquer la tache de Boeing et de l’administration américaine, qui a proposé des droits de douanes de 300% sur les CSeries au motif que l’appareil a été financé par l’état – et « vendu à perte » à Delta Air Lines. Un porte-parole de Boeing a expliqué que cet accord était « douteux, entre deux concurrents très fortement subventionnés par leurs états, et destiné à contourner les conclusions récentes du gouvernement américain ». « Cela n’a rien à voir avec le conflit en cours », ont assuré les présidents d’Airbus et Bombardier hier, tout en reconnaissant qu’aux termes des règles actuelles, des avions assemblés aux USA ne peuvent être soumis à des droits de douane…