La direction de la compagnie aérienne Air France doit rencontrer ce lundi les dix syndicats ayant appelé à la grève le 22 février, qui revendiquent une augmentation de salaire de 6%.

Trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF) ont appelé à la grève jeudi, refusant l’accord minoritaire prévoyant 1% d’augmentation générale en deux temps pour 2018 et exigeant une hausse de 6% (voire 10% chez les pilotes), ou de 200 euros par mois pour prendre en compte l’inflation des sept dernières années. L’accord annoncé par Air France ne mentionne qu’une hausse de 0,6% en avril puis 0,4% en octobre pour tous, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions. Les revendications salariales de l’intersyndicale ne correspondent pas « à la situation réelle de l’entreprise par rapport à son environnement », a estimé le PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac, évoquant « au total 240 millions d’augmentation, ce qui représente un tiers des résultats opérationnels, alors que nous avons à faire face à 1,3 milliard d’investissements cette année pour acheter des avions ».

Les négociations qui doivent débuter ce lundi surviennent après l’annonce de très bons résultats financiers en 2017 par le groupe Air France-KLM, y compris pour le groupe Air France qui a contribué pour 588 millions d’euros au résultat d’exploitation global (+216 millions) et a vu sa marge d’exploitation progresser de 1,3 point à 3,7% – tout en restant derrière sa compagnie-sœur KLM. Le directeur général d’Air France Franck Terner a en outre souligné que le groupe va « distribuer 130 millions d’euros d’intéressement aux salariés d’Air France, ce qui représente 4% de la masse salariale », soit 70 millions de plus que l’année dernière. Un intéressement pas pris en compte par les syndicats dans leur demande de rattrapage, et sur lequel la direction compte jouer pendant les négociations ; il représente déjà « presque 20% du résultat opérationnel de l’année dernière », a ajouté Jean-Marc Janaillac, soit l’équivalent « d’une augmentation d’un peu plus de 2% des salaires » (en plus de celle annoncée dans l’accord) et donc « une juste répartition des résultats entre l’effort d’investissement et l’augmentation des salaires ».

Rappelons que deux syndicats réformateurs (CFDT et CFE-CGC), représentant 31,3 % des voix du personnel, avaient validé l’accord de la direction d’Air France, en considérant qu’il s’agissait d’une avancée après six années de gel d’augmentation générale des salaires. Mais les syndicats tels que la CGT, FO, UNSA, SNPL et SPAF, qui représentent plus de la majorité (52,6 % des voix), ont décidé de faire valoir leur droit d’opposition pour le bloquer.