A la veille de la grève de vendredi organisée par dix syndicats chez la compagnie aérienne Air France, la mobilisation de la fonction publique du jeudi 22 mars sera également suivie dans les airs, à l’appel du FUC chez les pilotes de HOP!, du SNGAF chez les hôtesses de l’air et stewards d’Air France, et de l’USAC-CGT chez la DGAC et donc dans le contrôle aérien.

Le Flight Union Cockpit (FUC), troisième syndicat de pilotes de la compagnie aérienne HOP! Air France, a appelé à la grève les 22 et 23 mars 2018, dates choisies respectivement pour les mouvements de la fonction publique et d’une intersyndicale chez Air France. Représentant 16% des vois dans la compagnie régionale, le FUC veut que la direction « présente enfin un véritable projet d’entreprise » et qu’elle « abandonne son RU et signe un accord PNT », une convention collective unique pour les pilotes de HOP! qui est née de la fusion d’Airlinair, Brit Air et Regional. Le FUC réclame une amélioration des conditions de travail, dont la réduction du nombre de jours consécutifs possibles pendant un mois à cinq au lieu de six. Et il précise que son appel à la grève n’a « rien à voir » avec les revendications salariales de l’intersyndicale.

Chez les PNC, le syndicat SNGAF (Syndicat des Navigants du Groupe Air France) a lui aussi appelé ses membres à manifester le 22 mars, estimant dans un communiqué qu’il « n’est plus pensable que la compagnie “nationale” persiste à se battre toute seule dans son coin alors que l’ensemble des salariés français souffrent des mêmes maux et s’unissent pour demander que cessent instamment les conneries ». Il veut donc montrer aux autres salariés qu’Air France « n’est pas un ramassis de nantis comme les médias veulent le faire croire. Que les navigants de la compagnie Air France sont solidaires et partie prenante dans le combat qui s’annonce », un combat « nécessaire et qui commence à l’occasion des 50 ans de Mai 68 ».

Enfin les fonctionnaires de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC), dont les contrôleurs aériens, ont été appelés par le syndicat USAC-CGT à rejoindre le mouvement de jeudi, « ainsi que les nuitées en amont et en aval de celle-ci pour les agents travaillant en horaires décalés ». Le communiqué du principal syndicat de l’aviation civile précise qu’il revendique une « hausse sensible des recrutements » de fonctionnaires, afin d’assurer l’ensemble des missions de la DGAC dans les meilleures conditions possibles de travail et dans l’intérêt des services rendus aux usagers. Rappelons que si le précédent mouvement en novembre 2017 n’avait entrainé aucune annulation de vol préventive, la grève d’octobre 2017 avait débouché sur la suppression préventive de 30% des programmes des compagnies aériennes, entrainant des centaines d’annulations de vol. Et en septembre, 15% des vols avaient été supprimés dans les aéroports de la région parisienne lors d’un mouvement similaire.

On notera aussi le mouvement de l’UNSA-PNC en Guadeloupe, qui après avoir lancé une grève lundi dernier a selon FranceAntilles poursuivi de jeudi à dimanche ses arrêts de travail de 4 heures par jour, dénonçant « de mauvaises conditions de travail dans de nombreux services, résultantes de plans de départs successifs de salariés non remplacés et de réorganisations opérées pour faire face à l’activité croissante ». Les PNC disent « ne plus supporter ce rythme fou de travail », et réclament l’embauche de jeunes en contrat CDI « afin de remettre au niveau les effectifs à l’escale et du fret », ainsi qu’en CDD « afin de couvrir les pics d’activité ».

Rappelons que le vendredi 23 mars mais aussi le 30 mars, ce sont les passagers d’Air France qui seront affectés par l’appel à la grève d’une intersyndicale représentant les pilotes, hôtesses de l’air et stewards et le personnel au sol qui réclament toujours une augmentation de salaire générale de 6%. Elle regroupe trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF et Alter), deux d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC), et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant 52,6% des voix du personnel, et a rejeté la proposition de la direction sur un mécanisme d’ajustement salarial pour les employés dont les salaires ont progressé moins vite que l’inflation. Cette intersyndicale avait déjà mené la grève du 22 février, qui avait entrainé l’annulation de 25% des vols dont la moitié des départs sur le long-courrier, et selon la compagnie coûté 26 millions d’euros.