Moins de dix des 257 victimes auraient été identifiées hier, après l’accident mercredi d’un avion de l’Armée de l’Air algérienne peu après son décollage de la base de Boufarik. Aucun début d’explication n’a filtré sur les raisons du crash de l’Ilyushin Il-76 TD.

Au premier des trois jours de deuil national décrétés en Algérie, le vice-ministre de la Défense, le général Ahmed Gaïd Salah, a assisté le 12 avril 2018 à la levée des corps des « premières victimes identifiées » dans un hôpital militaire algérien, sept cercueils recouverts du drapeau national étant visibles sur les photos du ministère. Il n’est pas précisé qui étaient ces victimes parmi les 247 passagers et 10 membres d’équipage qui se trouvaient à bord, ni combien avaient été identifiées, mais la plupart des corps récupérés dans l’épave de l’IL-76 étaient carbonisés selon la presse algérienne. Il aurait fallu deux heures aux pompiers pour éteindre l’incendie.

La plupart des victimes sont des militaires algériens et des membres de leurs familles, affirmait mercredi le ministère de la Défense. Le Front Polisario a confirmé dans un communiqué repris par Afrique7 que 30 passagers sahraouis étaient à bord l’avion, précisant qu’il s’agit de « patients et de leurs accompagnateurs. Ils étaient de retour d’une période de soins dans les hôpitaux algériens ». Une version contestée par plusieurs médias, selon qui leur présence à bord est la preuve d’une implication de l’Algérie dans le conflit entre le Sahara Occidental et le Maroc.

Aucune information n’a filtré pour expliquer l’accident de l’avion militaire, quelques secondes après son décollage le 11 avril 2018 de la base aérienne de Boufarik, au sud de la capitale Alger, en direction de Tindouf et Béchar. Il s’est écrasé vers 7h50 dans un champ à l’intérieur du périmètre de la base. Selon des témoins cités par le quotidien El Watan, des flammes auraient été aperçues « avant qu’il ne s’abîme au sol ». Un homme raconte que l’avion « a tenté de dévier de sa trajectoire, peut-être pour éviter d’aller s’écraser sur la zone d’habitation située juste à côté. Cela aurait engendré un bilan de loin plus important. Pour moi, il est certain que le pilote a senti quelque chose, sinon son appareil ne serait pas tombé ici, mais soit sur l’autoroute ou un peu plus loin, sur les habitations.» Le pilote est selon la presse locale le colonel Smaïl Doucene, qui était aussi pilote instructeur.

Les résultats de l’enquête déclenchée dès le jour de l’accident ont peu de chance d’être rendus publics, redoute Liberté-Algérie, qui rappelle les sept accidents d’avion enregistrées ces dernières années, notamment dans le transport militaire. Dont celui de février 2014 près de Constantine, qui avait fait 103 morts ; « à ce jour, en dehors des spéculations médiatiques, très peu de choses sinon rien n’a filtré sur les enquêtes en question », affirme le site.

Le crash de mercredi est le pire dans l’histoire de l’aviation algérienne, et hors attentats du 11 septembre 2001 le quatrième plus grave de ces vingt dernières années, après ceux du vol de Malaysia Airlines au-dessus de l’Ukraine en 2014 (293 morts), d’un Ilyushin militaire iranien en 2003 (275 morts) et d’un Airbus A300 d’American Airlines à New York en 2001 (265 morts).

Le quadriréacteur de l’Armée de l’Air algérienne avait été construit en 1997 selon des sources non confirmées citées par ASN ; elle opère douze appareils de ce type, tous acquis dans les années 1990. Les Il-76 ont été impliqués dans huit autres accidents ces dix dernières années, y compris celui d’Aero Service près de Brazzaville en 2012 qui avait entrainé la mort des six membres d’équipage et de 26 personnes au sol.