Trois syndicats de pilotes de la compagnie aérienne Air France ont déposé un préavis de grève pour les 3 et 4 mai, puis les 7 et 8 mai, afin de peser sur les négociations salariales en cours. L’intersyndicale représentant tous les corps de métiers doit se réunir aujourd’hui pour décider des suites du mouvement, qui a déjà entrainé 11 jours de grève depuis février, alors que la direction ouvre sa consultation sur l’accord proposé à la signature de tous les employés.

Pas de répit en vue pour les passagers: les syndicats SNPL Air France ALPA, SPAF et Alter, respectivement premier, deuxième et non-représentatif chez les pilotes de la compagnie nationale française, ont annoncé le 26 avril 2018 avoir déposé un préavis de grève pour quatre jours au début du mois prochain. « Il faut continuer à mettre du poids sur nos revendications salariales », ont affirmé les trois syndicats dans un communiqué publié par Les Echos, l’objectif étant selon eux « de signer un accord raisonnable pour tout le monde ». La consultation de neuf jours lancée ce jeudi par la direction d’Air France, qui demande à tous les salariés de se prononcer sur sa proposition d’augmentation de 7% sur quatre ans (sous réserve de bons résultats), n’est pour les représentants des pilotes qu’une « manœuvre » se substituant à de « vraies discussions ». Et ils préviennent qu’ils « iront chercher ce rattrapage » compensant le blocage des grilles de salaires depuis 2012.

Les trois syndicats de pilotes demandent une augmentation générale de 4,7% en plus des 5,1% réclamés par l’intersyndicale, qui regroupe également deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC) et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC. Cette intersyndicale doit se réunir jeudi pour justement annoncer les dates des futures grèves, ayant rejeté les dernières propositions d’Air France : une augmentation générale des salaires de +2% au 1er avril 2018, puis de 5% sur la période 2019, 2020 et 2021, avec des minimaux mais des restrictions en cas de mauvais résultats financiers. Rappelons que deux autres syndicats, la CFE-CGC et la CFDT représentant 31,3% des voix du personnel, avaient signé l’accord d’augmentation des salaires pour 2018 déjà appliqué (+0,6% en avril et +0,4% en octobre, plus une enveloppe de 1,4% permettant pour les employés au sol une série de primes et promotions).

Ces propositions et contre-propositions ne tiennent pas compte de l’avancement ni du GVT (glissement vieillesse technicité), qui selon la direction portera à plus de 12% sur 4 ans l’augmentation des revenus des salariés.

Les onze grèves déjà menées, qui ont poussé le président d’Air France et PDG d’Air France-KLM Jean-Marc Janaillac à mettre sa démission dans la balance, auraient déjà coûté 300 millions d’euros à la compagnie. Ils se rapprochent du « record » de septembre 2014, quand le SNPL Air France avait mené quatorze jours de grève, avec un impact de 425 millions d’euros sur les résultats annuels du groupe de l’alliance SkyTeam. Air France-KLM avait alors enregistré, sur un chiffre d’affaires en hausse de +0,3%, une perte nette de 198 millions d’euros alors qu’elle était de 1,827 milliard l’année précédente.

On notera que le patron de KLM Royal Dutch Airlines Pieter Elbers a évoqué selon le quotidien Telegraaf un impact de la grève « désastreux » pour le groupe, les arrêts de travail étant aussi mauvais « pour les finances et la réputation d’Air France que pour la cohésion du pacte » liant les compagnies française et néerlandaise.

Air France : les pilotes en grève quatre jours en mai 1 Air Journal