Les quinze jours de grève menés par une intersyndicale représentant tous les corps de métiers aurait coûté près de 400 millions d’euros à la compagnie aérienne Air France. Le ministre de l’économie souhaite trouver un pro du secteur pour succéder à Jean-Marc Janaillac.

Quatre jours de grève depuis le début du mois de mai ont porté à « près de 400 millions d’euros » la facture du conflit débuté en février, a déclaré le 9 mai 2018 une porte-parole du groupe Air France-KLM – qui avait déjà chiffré à 33 millions d’euros l’impact du mouvement sur le résultat d’exploitation du premier trimestre. Un coût supérieur donc à l’augmentation de la facture carburant prévue cette année par le groupe (350 millions d’euros), et qui pourrait encore augmenter si le prochain dirigeant d’Air France ne cède pas aux revendications des syndicats, à savoir une augmentation générale des salaires de 5,1% dès 2018 (plus 4,7% supplémentaires pour les pilotes), avec +3,8% au 1er avril (rattrapage d’inflation 2012-2017) et +1,3% en octobre (inflation prévisionnelle de 2018) . La proposition d’accord de la direction, rejetée lors de la consultation de tous les employés, portait sur une augmentation générale de 2% en 2018, assortie d’un seuil minimum de 25 euros par mois, et une autre de 5% pour 2019, 2020 et 2021 (1,65% par an), assortie d’un seuil minimum de 40 euros par mois. Les salaires seraient selon la direction augmentés de 12,5% en moyenne sur la période (comprenant une augmentation générale de 7% pour toutes les catégories de personnel et les augmentations individuelles/GVT) ; mais ce « pacte de croissance » prévoit d’adapter l’augmentation dans le cas où le résultat d’exploitation d’Air France serait inférieur à 200 millions d’euros, et d’appliquer une clause de revoyure en cas d’inflation plus élevée ou de résultat négatif.

L’intersyndicale, qui regroupe les trois syndicats de pilotes (SNPL, SPAF, Alter), deux syndicats d’hôtesses de l’air et stewards (SNPNC et UNSA-PNC) et cinq de personnel au sol (CGT​, FO, SUD, CFTC et SNGAF), représentant au total 52,6% des voix du personnel, plus l’UNAC, n’a pas déposé de nouveau préavis de grève mais a demandé la reprise des négociations, ce que la direction a immédiatement refusé. Elle se réunira après le 15 mai, quand le Conseil d’administration d’Air France-KLM aura nommé le successeur de Jean-Marc Janaillac, démissionnaire après l’échec de sa consultation de ses postes de PDG du groupe et de président d’Air France.

Hier sur France Culture, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a dressé le portrait du futur dirigeant d’Air France-KLM, en tant que représentant de l’Etat français qui possède 14% des actions mais 23% des droits de vote du groupe franco-néerlandais : « je souhaite que cette future direction soit représentée par quelqu’un qui connaisse bien le secteur aérien, qui donc puisse être à pied d’œuvre tout de suite ». Il faudra « le plus vite possible qu’une nouvelle direction se mette en place avec une feuille de route très claire », a-t-il ajouté, alors que le groupe n’évoque la mise en place que d’une « solution de transition » lors du CA de la semaine prochaine. Le ministre devait rencontrer hier Jean-Marc Janaillac « pour discuter avec lui de la manière dont il voit Air France » ; aucun successeur crédible au dirigeant démissionnaire n’est mentionné à ce jour.

Ardoise de 400 millions et portrait de PDG pour Air France 1 Air Journal