Après le groupe IAG emmené par British Airways, c’est au tour du groupe Lufthansa de s’intéresser à la low cost Norwegian Air Shuttle. Son dirigeant Carsten Spohr a reconnu l’existence de « contacts » avec son homologue Bjorn Kjos.

Le cours de l’action de la spécialiste norvégienne du vol pas cher s’est envolé de 11% le 18 juin 2018, après l’annonce par le président du directoire  du groupe allemand. Carsten Spohr a expliqué dans le Süddeutsche Zeitung qu’en Europe, « tout le monde parle avec tout le monde. On est en pleine vague de consolidation. Ce qui signifie que nous sommes aussi en contact avec Norwegian ». Il a toutefois précisé que tout accord « dépendra du prix, des mérites stratégiques et des approbations des autorités de la concurrence ». Norwegian a confirmé hier avoir reçu des « manifestations d’intérêt » de la part de plusieurs parties pour l’acquisition d’actions, une prise de contrôle complète, un financement « ou diverses formes de partenariats », intérêt qui selon elle démontre « l’attractivité de l’entreprise ».

Lufthansa est le deuxième groupe aérien à exprimer publiquement son intérêt pour Norwegian, suite au rachat par International Airlines Group (IAG) d’une participation de 4,6% dans le transporteur à bas prix en avril, et à l’ouverture de discussions qui incluent la possibilité d’en prendre le contrôle. Bjorn Kjos avait rejeté les deux offres d’IAG. Mais si ce dernier a un réseau extrêmement concurrentiel avec celui de Norwegian (en particulier à l’aéroport de Londres-Gatwick avec British Airways, Aer Lingus et Vueling), ce n’est pas le cas de Lufthansa. La diminution de concurrence serait donc moindre, tout comme les profits qu’on peut en tirer, et les difficultés rencontrées avec les opérations d’Air Berlin ne sont pas de nature à rassurer quant à l’intégration de la low cost norvégienne – cela au moment où Eurowings elle-même a du mal à se développer, faute d’avions.

Les avantages de la low cost sont sa présence sur le marché transatlantique, et son développement en Argentine ; elle dispose en outre d’une licence britannique, la protégeant contre un éventuel Brexit dur. Mais Norwegian a enregistré au premier trimestre une perte d’exploitation de 269 millions de dollars, soit une marge d’exploitation de -31%, venant s’ajouter à une dette estimée à 2 milliards d’euros. Les pertes croissantes surviennent alors que la compagnie a augmenté sa capacité de 36% au cours de la même période, principalement vers les Amériques ; or selon certains analystes, elle perdrait jusqu’à 29.000 dollars à chaque décollage de ses Boeing 787 Dreamliner, faute de voyageurs d’affaires, de rendement et d’un réseau suffisant pour approvisionner cette activité long-courrier. Et son incapacité à obtenir des droits de survol de la Sibérie lui bloque l’accès au lucratif marché chinois.

On remarquera que si les deux plus grands groupes européens, et les plus rentables, s’intéressent à la troisième low cost européenne derrière Ryanair et easyJet, ce n’est pas le cas du troisième, Air France-KLM.

Lufthansa aussi s’intéresse à Norwegian 1 Air Journal