Les deux 787-8 Dreamliner, commandés par la compagnie aérienne Air Austral, spécialiste des dessertes vers la Réunion, font partie de premiers exemplaires issus des lignes d’assemblage de l'usine d'Everett de Boeing. Des avions en surpoids en raison des modifications à réaliser, et dont Boeing cherche aujourd’hui à se défaire à prix cassé.

Selon The Seattle Times, Boeing a contacté des compagnies aériennes pour dix de ses premiers 787 sortis de ses chaînes d’assemblage. La valeur de ses premiers exemplaires surnommés « terrible teens » ("enfants terribles") serait bradée à 50 % du prix d’achat officiel, soit pour environ un milliard de dollars, afin de compenser ses défauts de fabrication. Ces exemplaires souffrent en effet d’un surpoids après modifications,  qui réduira son rayon d’action de presque 2 000 kilomètres. Pour rappel, un Dreamliner est actuellement vendu pour  218,3 millions de dollars.

Ethiopian Airlines serait ainsi en discussions avancées pour acheter 8  « terrible teens » Dreamliner, alors qu’Air Austral est le premier transporteur à en acquérir, pour des livraisons dès 2016. Voir aussi l’article du 25 février dernier sur notre site.

Selon le journal local, bien au fait de l’actualité de l’usine Everett de Boeing dans l’Etat de Washington, ces Dreamliner sont parqués depuis environ 5 ans sur le tarmac de l’usine d’Everett, bien repérables avec les plastics noirs aux hublots et les contrepoids de 7,7 tonnes sous les ailes afin de maintenir l’avion immobilisé.

Le journal révèle de même les dessous de cette mise au garage forcée. Le Dreamliner à la conception révolutionnaire avec une grande partie de son fuselage en matériaux composite, a connu plus trois ans de retard dans son développement. Cependant, Boeing, désireux de convertir les commandes qui s’accumulaient en espèces sonnantes et trébuchantes, a pris le risque de commencer la production de modèles avant sa certification. Ainsi, 60 Dreamliner ont dû être modifiés et rénovés par la suite, afin qu’ils correspondent aux changements de conception instaurés durant ces essais en vol. Ces dix premiers exemplaires, les « terrible teens », jusqu’alors réputés invendables, comportaient le plus vaste chantier de modifications avec des renforts structurels lourds pour renforcer l’enveloppe en matériaux composites. Ils ont donc été mis de côté, Boeing se concentrant sur les modèles sortant par la suite d’usine, pour accélérer une livraison, déjà à la traîne, à de premiers clients.

Boeing n’a jamais divulgué le surpoids par rapport au cahier des charges, mais les terrible teens Dreamliner, une fois les modifications effectuées, auront un rayon d’action diminué de 1 000 miles nautiques (1 850 km) par rapport aux Dreamliners sortant d’usine aujourd’hui, selon Avitas, société de consultants en aéronautique, cité par le journal de Seattle. Rappelons que Boeing annonce un rayon d’action de 7 850 miles nautiques pour le 787-8, configuré pour 242 passagers.